samedi 16 août 2014

Revisiter ses 14 ans

"We're absolute beginners, with eyes completly open, but nervous all the same"
                              -David Jones

Cette semaine j'ai voyagé dans le temps en allant visionner en salle le film 1987 de Ricardo Trogi.

Dès le début du film on entend la mère crier à la soeur de Ricardo, Nadia, de sortir de sa chambre et de cesser de déprimer sur son sort "qu'il ne faut pas pleurer pour ce maudit Patrick Lamarde!"

Héhéhé...quel choc...Déjà que je connaissais plusieurs de ces gens en 1987 (1984 à 1986 surtout)
ce "Patrick Lamarde" était mon meilleur ami. Moi je sortais avec Julie la Blonde, la meilleure amie de Nadia, Pat avec Nadia. Mais Trog' a triché un peu, cette peine d'amour s'est plutôt déroulée en 1986. En 1987, Nadia me l'a confirmé, mon best bud de l'époque n'était pas concerné (complètement, mais restait un moteur de répulsion de sa part envers les mâles en général) par sa peine. Pat avait d'ailleurs beaucoup bien d'autres chats à fouetter en 1987 car il devenait père précoce (et non prévu) à 15 ans. Nous avons forcément pris des directions forts différentes par la suite tout les 5: Nadia, Pat, Julie la brune, Julie la blonde et la rousse Baillargeon.

Pat et Julie la Brune avaient eu la mauvaise idée de se fréquenter post-Nadia et il y avait eût, certes, matière là à hurler à la traîtrise. Je ne me souviens plus comment Julie la Blonde avait mis un terme à notre relation à nous, mais je me souviens que c'est elle qui m'avait quitté et non l'inverse. Avec le recul je me demande si ce n'était pas parce que c'était devenu le bordel émotif parmi nous tous. Moi j'étais toujours buddy de Pat et Julie la brune et ils étaient, ensemble, la source de beaucoup de mal chez Nad. Julie la blonde devait se trouver coincée dans tout ça.

Et j'étais somme toute assez bête à cet époque, je me serais quitté moi aussi, avoir été une fille qui m'aurait fréquenté. Peut-être avais-je avoué platement à Julie la Blonde, ma blonde à cette époque, que je trouvais fort agréable Julie la brune pour l'oeil, moi aussi . Bête comme ça, je vous dis.

Bref, bien que la trame narrative impliquant Nadia est en parallèle du film de Ricardo, elle est certes importante dans le dénouement. En tout cas, elle m'a beaucoup touché car cette Nadia-là je la connaissais. C'est d'ailleurs plutôt blessée que je l'avais vu la dernière fois. Quand nous avions tous la couette qui nous pendait dans ' face. Pour cacher nos larmes, j'imagine. J'ai une vieille cassette VHS quelque part de mon anniversaire de 1986 où mes parents avaient eu la naïve idée de réunir tout ce monde chez moi et on fait tous semblant de s'amuser dans un inconfort absolu, comme de purs étrangers filmés par une génération qui nous croyaient sages. Je me souviens avoir eu pitié de mes parents en pensant qu'ils filmaient leur plus vieux avec ses amis, comme si avions encore 10 ans. Alors que nous mourrions d'envie de faire d'autre chose que d'être avec eux. Ignobles ingrats que nous étions.

Nous étions des diables.

Ricardo vous l'as bien montré dans le film de toute façon (pour ceux qui l'ont vu).

Très amusant de réaliser que mon père avait été l'instructeur au hockey de Ricardo et Dallaire dans deux clubs et dans deux saisons différentes à peu près à cette époque (moi, j'allais jouer avec le frère de mon âge* de Dallaire, en 1988). Drôle aussi de constater que le Boivin du film était bien Claude, le frère de Stéphane, que mon père avait aussi coaché. Claude a joué dans la LNH brièvement avec les Flyers et les Sénateurs, mais a plus souvent qu'autrement été miné par les blessures (il jouait rough).

Dans la vraie vie, Dallaire était de loin le plus grand physiquement à 17 ans et il me semble qu'il avait des broches. Ricardo était aussi nettement plus grand que Jean-Carl Boucher qui l'incarne dans le film (il est toutefois tout aussi vrai dans le ton de Trog!).

Fameux aussi de voir le "Taxi" évoqué, un bar de 14-18 qui n'a jamais fait ses frais et qui a fermé très rapidement (Peu voulaient payer un cover charge à Québec et notre génération est si peu nombreuse...). C'est au Taxi, la seule fois que j'y ai mis les pieds que je m'étais amouraché de Nancy, la seule amoureuse que je n'aurais jamais eu qui portait un rat vert, mort, dans son cou comme on porterait un collier. Je ne suis pas tombé pour elle dans cet accoutrement, soyons clair, mais quand j'étais allé la retrouver alors qu'elle me disait qu'elle traînait au Mail St-Roch, sans m'annoncer, par surprise, parce qu'elle me manquait, je l'avais trouvée costumée en punk avec ce rat- un vrai rat!- dans le cou. Elle avait paru comme une fillette déjouée dans un costume qui n'était pas le sien. Touchante, car je voyais bien dans ses yeux qu'elle était déçue de m'avoir caché ce côté de sa personne, mais blessante aussi car on commençait quelque chose sur un mensonge. J'avais trouvé ça con. Ça c'était terminé presqu'aussitôt.

Fun de voir Bobby Beshro en policier, Bobby qui était un an plus vieux à l'École de Rochebelle et en théâtre comme moi. On se reconnaîtrait surement si on se croisait aujourd'hui.

Laroche aussi en fonctionnaire moustachu, toujours plaisant Laroche. On l'avait aussi vu rapidement dans L'Horloge Biologique, toujours sous la caméra de Trog, dans une scène "d'après baseball".

Je ne sais pas si c'était la musique, le rythme, la jeu de caméra ou tout ça mais vers la fin du film, la dernière scène impliquant Nadia, la soeur de Ricardo,  m'a beaucoup plu. Son traitement de l'image aussi. Cette voix qu'on a entendue tout le film, choquée, brisée, en peine, en détresse, au travers du filtre d'une porte, que l'on entendra pas dans sa scène finale (à Nadia): quelle bonne idée!

Je n'en dis pas plus, je vous laisse découvrir le film par vous-même. Une magnifique reconstitution d'époque qui pour moi, était un véritable retour en arrière. Un film qui m'a accompagné longtemps car il a rouvert des portes que je croyais fermées derrières depuis longtemps.

Nadia va bien, elle est amour et a trois merveilleux garçons.
Julie la Blonde aussi mais elle, ce sont trois filles.
Julie la Brune a deux enfants
La rouquine Baillargeon 1.

Plus jamais eu de nouvelles de Pat.

Sinon ce fantôme évoqué dans le film de Ricardo.

Jamais vraiment cherché non plus.
Il a quand même un garçon de 27 ans...
Nous avons grandit sur des îles bien différentes.

Un bon film je le répète.
Revisitant des sentiers plutôt familiers pour moi en tout cas...

Ironique, demain, je recule de 5 ans par rapport à 1987.
Revisitant 1982.
Hasard. C'était prévu depuis longtemps.
Week-end nostalgique.
Toujours dans les 80's magiques.

*Trog a l'âge de mon amoureuse: il est de 1970, je suis de 1972. Nad est de 1972 je crois aussi. 1971 peut-être.

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