mercredi 22 octobre 2014

Savourer David Lynch

"This is best part of the trip, this is the trip, the best part, I really like What he'd say?"
-J.Morrison 

David Lynch est un auteur qui me hante depuis la toute première fois où j'ai vu un de ses films (Wild at Heart en 1990).

Je me rappelle encore l'étrange sensation confuse qui m'avait habité à la sortie du visionnement de Mullholland Drive, tout paraissait soudainement étrange, changé, la vie normale avait été bousculée. Je sortais de deux heures à l'intérieur de la tête de David Lynch et ceci allait bouleverser mon monde extérieur. C'était une expérience extraordinaire. Ça s'est répété pour Blue Velvet, Dune et surtout Lost Highway.

Je n'étais pas prêt et trop jeune pour Eraserhead que j'aimerais revoir. Inland Empire m'a paru trop sombre. The Straight Story et The Elephant Man, trop simples.

Quoique toujours plaisants.

J'ai jubilé pour Twin Peaks & Twin Peaks: Fire Walk With Me.


David Lynch déstabilise et c'est merveilleux. C'est ce qu'on exige de l'amour.

Ses films se situent souvent entre le film d'art et le film commercial. En vérité, ils occupent un troisième et complètement différent territoire. La plupart de ses films n'ont pas réellement de narration objective et de cette manière ils sont imperméables à une interprétation conventionnelle, que l'on réserve habituellement aux films habituels.

Les films de Lynch sont à vivre comme une expérience et non à être expliqués.

Ils sont séduisants mais pas dans le sens traditionnel sens de "séduisant et réconfortant" mais plutôt dans le sens non linéaire de l'inexpliqué déstabilisant. Le spectateur n'a jamais l'impression que l'auteur nous présente son film pour nous plaire, mais plutôt pour ouvrir une partie de sa psyché. C'est ce qui est particulier de l'auteur du Montana, quand on entre dans son cinéma, il n'y pas cet habituel contrat avec le spectateur qui propose que le réalisateur vous donnera ce que vous voulez voir. Cet inconfort naît de cet absence de protection, naturelle en sol connu, qui nous tient généralement en confiance devant un médium aussi puissant que le cinéma.  Une protection naturelle, voire nécessaire.
Nous savons tous à peu près ce qu'un film nous proposera, ce qu'il exigera de nous, un rire ici, un peu de tension là, une larme plus loin, et notre système de défense se comporte en conséquence. Nous laissons bien paraître ce qui nous convient. Mais l'absence d'une cohérence claire, de points de repères facilement identifiables pour le spectateur, déshabille ce système de défense et laisse Lynch se glisser dans nos têtes.

Alors que nous sommes maintenant flambant nu.
D'où l'inconfort.
Ou l'agréabilité c'est selon.

La nudité est séduisante en amour.

Voilà pourquoi l'effet de ses meilleurs films sont souvent aussi vibrant et/ou cauchemardesque.
Nous sommes sans défense lorsque charmés,
Nous sommes aussi sans défense dans nos rêves.

Sans défense devant ses abstractions. Vivre un film de Lynch, c'est un peu comme se réveiller en plein espace ou sortir d'un rêve. Nous somme si habitués à des histoires qui nous traînent de À à Z, même des histoires qui commencent à K, qui reviennent à A puis qui nous transportent à T avant de repasser par J que nos idées préconçues d'un film s'en trouvent bousculées.

L'amour bouscule.

Lynch est trop allumé par la vie intérieure pour se contraindre à la tradition cinématographique. Ses films nous arrivent d'en haut, d'en bas, du côté, de l'angle mort, d'endroits que nous ignorions nous même qu'ils existaient afin d'être occupés.

Certains diront qu'il s'agit d'un simple désordre artistique, d'autres de génie créatif.

Douce parade.

Ceux qui auront raison parleront de la mutation de deux.

David Lynch a annoncé récemment que Mark Frost et lui avaient repris l'écriture de Twin Peaks et qu'une seconde vie à la série télé seraient en ondes d'ici l'an prochain.

Je connais peu de "reprises" qui ont bien fonctionné.

Je m'accorde le doute sur l'idée.

Mais suis prêt à être séduit à nouveau.


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