mercredi 8 octobre 2014

Si Ceci est ton Leader, Considères-Moi Ailleurs

C'est un peu l'autopsie de ce qui détermine mes choix en général qui s'est produite cette semaine.

Une personne d'autorité au travail, à l'entrepôt la nuit, est venue me suggérer d'être plus intense car cette personne ne m'avait pas trouvé suffisamment intense lors des deux jours précédents. Je souriais à pleine dents en tentant de voir si cette personne me niaisait. Si il y a un seul problème à souligner sur ma personne. UN SEUL, depuis le 4 février 1972 qui m'a amené sur cette planète, c'est bien l'excès d'intensité (pas nécessairement malsaine) de ma part.
De plus, quand cette personne est venue m'exposer sa méconnaissance de mon être, il y avait dans la même section que moi tout près deux collègues, assurément les plus mauvais travailleurs de la planète terre. Un haïtien qui incarne absolument tous les préjugés défavorables et stérétoypes que l'on prête aux haïtiens, et un jeune fils-à-papa qui fait tout tout croche et seulement si ça lui tente.

Et c'est moi qu'on vient voir, moi qui ait la goutte de sueur qui perle le visage et qui suis nettement plus catholique, discipliné, voire zélé que quiconque dans ce trou du Vieux-Port pour questionner l'intensité?

J'ai fermé ma gueule. J'ai souri comme la blague de mauvais gôut me passait par les trous des oreilles. J'ai dit que je tenterais de "suer davantage" afin de bien montrer mon mépris à la personne qui me parlait. Peu de temps après je défonçais d'un violent coup de pied une boîte de carton qui traînait. Suffisamment fort afin que cette personne (et d'autres) l'entendent.

Le sourire c'était pour la blague et le coup de pied, pour le mauvais goût.
Et pour lui montrer un brin d'intensité à cette pâle copie de supérieur.

J'ai du coup constaté que je n'avais aucune, mais vraiment aucune envie d'avancement dans cette entrepôt qui me fait travailler la nuit. Je n'y vais que chercher (plus de) sous mais je dirais surtout que j'y vais pour y faire mon workout. Et être payé pour. Et ça fonctionne. Je brûle beaucoup beaucoup de calories 5 jours par semaine et l'amoureuse s'en trouve fort aise. Mon linge devient trop grand...(Ça, toutefois, c'est un problème...) 

Si je n'éprouve aucune envie de monter dans les échelons dans l'entrepôt c'est à la fois parce que je suis pas étouffé par l'ambition comme telle, mais surtout parce que chez les supérieurs de l'endroit, je n'y trouve aucun modèle.

Et voilà quelque chose qui m'a suivi toute ma vie, il faudra bien un jour me l'avouer: La recherche perpétuelle de modèle.

J'ai quitté mon 418 parce que je  ne m'y voyais pas grandir. Au sens propre. Je ne voyais pas ma génération se placer là-bas. Rien n'était fait, en 1991, à cet égard. Pourtant, mon cercle rapproché d'amis est tous retourné dans le 418 et y travaille. Ce qui veut dire que j'avais probablement tort sur les perspectives d'avenir de ma génération. Peu importe, ils sont (presque) tous fonctionnaire à Québec, et jamais je ne me suis vu dans ce rôle.

Mais je me rends compte avec l'âge que certains milieux, cercles, secteurs d'activités, me sont complètement fermés parce que je ne respecte en rien leur leaders.

J'ai progressivement cessé complètement d'écouter la radio commerciale autour de 1993-1994, à la fois parce que mes indigestions face à la publicité devenaient ingérables mais aussi parce que les leaders de l'époque: Metallica, Pearl Jam, Red Hot Chilli Peppers, Nirvana, ne me parlaient pas du tout.

Le titre de cette chronique m'habitait alors..
 Je me suis propulsé dans le jazz, dans la musique du passé, l'underground, TOUT sauf la radio. Entendre aujourd'hui que Whigfield a crée un "classique" en 1994 me fait carrément saigner des oreilles.

Mais plus sérieusement, j'ai aussi nettement décroché de la vie politique fédérale et provinciale tellement les leaders sont décevants.


À l'entrepôt, je me rends compte après presqu'un an que, sans le planifier ainsi, j'ai changé la dynamique du groupe d'employés. Beaucoup. Simplement en m'associant peu au groupe de "leaders" qui étaient déjà plus anciens que moi mais qui, pour la plupart étaient si risibles qu'il était difficile de complètement respecter. Une certaine clique s'est formée autour de moi, et sans qu'il y ait d'acrimonie entre "ma gang" et celle des "plus anciens leaders". quand est venu le temps de jouer au hockey en gymnase pour le plaisir, il a semblé naturel pour tout le monde que ce soit "la gang à Jones" contre "la gang à Taillefer". (et devinez qui a gagné 3 fois en autant de matchs? hihihihi...).

Bref, tout ce pressage de neurones pour dire que si auparavant je pensais quitter mon emploi de nuit à l'entrepôt, maintenant se rajoute une certaine urgence de le faire.

Par recherche de modèle.

Par simple dignité, surtout.


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