lundi 1 décembre 2014

Woody l'Acteur

10 fois et demi, Alan Stewart Koningsberg, aussi connu sous le pseudonyme de Woody Allen, aura été engagé comme simple acteur dans un film.

Ni scénariste, ni réalisateur, ni producteur, simple comédien.

Pour la 10ème fois, en mai dernier sous la direction de John Turturro.
Revisitons, Woody Allen, le simple acteur.
Même si rien n'est jamais simple avec Woody.

Casino Royale. 1967.
Les droits d'adaptation du premier roman de Ian Flemming mettant en vedette James Bond sont vendus en 1955. Toutefois, le producteur n'arrivera jamais à s'entendre avec quiconque afin de tourner le film. Ce n'est que 11 ans plus tard, alors que les James Bond sérieux en sont rendus à 4 énormes succès. (Dr.No, From Russia With Love, Goldfinger & Thunderball) que les détenteurs des droits sentent qu'ils ne pourront jamais accoter le succès de la franchise déjà en cours.
On choisira donc le mode de la parodie. Et on engage un casting étonnant de superstars, de réalisateurs/acteurs, de top modèles féminins et d'humoristes. Woody Allen en 1967 n'est qu'humoriste. Il n'a jamais tourné de films encore. On l'engage pour jouer le rôle du méchant Dr.Noah/Jimmy Bond, le neveu jaloux de James Bond. Woody scénarise la plupart de ses dialogues qui sont effectivement parmi les plus drôles du film. Orson Welles en impose beaucoup aussi. Peter Sellers est si intimidé à la fois pas Welles et par le succès d'Allen sur le plateau qu'il engage Terry Southern afin que celui-ci lui écrive de meilleures lignes que les deux autres. Le film fait fortune, mais les critiques sont dévastatrices. Woody y prend goût et tournera/écrira/produira pour le cinéma, à partir de maintenant, beaucoup. Ses propres projets surtout.

The Front. 1976.
Ce film raconte l'histoire d'un néophyte (Allen) dont l'ami est scénariste à Hollywood, mais placé sur la liste noire lors de la triste période McCarthyste dans les années 50. Le personnage de Woody Allen servira de prête-noms aux écrits de scénaristes sur la liste noire. Le film traite d'un sujet excessivement grave et Woody Allen, utilisé en contre-emploi, ajoute un élément de comédie plus important que la gravité du sujet ne le commande. Le film est plutôt mal reçu principalement pour cette raison dychotomique. Le scénariste Walter Bernstein, le réalisateur Martin Ritt, les acteurs Zero Mostel et Lloyd Gould ont tous été eux-même placés sur la liste noire de McCarthy dans les années 50. Bernstein et Mostel ont eu des nominations respectivement aux Oscars et au BAFTA awards pour leur rôle dans ce film au sujet fort important. Woody prendra congé des films des autres assez longtemps après s'être senti responsable de l'échec de celui-ci.

King Lear. 1987.
Woody Allen n'a jamais caché son amour pour Jean-Luc Godard. Quand JLG, tournant à New York, lui fait signe pour qu'il incarne un monteur de film nommé M.Alien, Woody dit oui tout de suite. Sa présence est minime dans ce film qui est une légère insulte à l'oeuvre de Shakespeare. Allen se fait plaisir en rencontrant une idole, mais le film est une catastrophe coûtant 2 millions et ne rapportant que 61 821 $.

Scenes From a Mall. 1991.
Woody accepte de tourner pour son ami Paul Mazursky le rôle d'un époux, marié à une auteure à succès (Bette Midler) qu'il l'a triché alors qu'ils sont tous les deux au centre commercial. Tout le film se déroule d'ailleurs dans le centre commercial. Celle-ci demande aussitôt le divorce, mais avouera aussi avoir trompé son mari. Comique et habilement casté. Mais film parfaitement moyen. Woody joue un personnage qui n'est pas étranger au névrosé auquel il nous as habitué dans ses propres films.

The Sunshine Boys. 1996.
Tourné pour la télévision, cette adaptation de la pièce de Neil Simon qui raconte la réunion de deux anciens partenaires comiques de la scène réunit Peter Falk et Woody Allen dans les rôles principaux. Sarah Jessica Parker y joue la fille de Peter Falk. Après 43 ans de comédie sur scène, le duo se sépare dans l'acrimonie pendant 11 ans. Ils sont forcés de se réunir pour un spécial télé. Excellent grâce aux comédiens justement. Et à la sensibilité de Neil Simon à l'écrit. Les Sunshine Boys brillent.

The Impostors. (la demie) 1998.
Ce film a des airs de famille avec les Sunshine Boys. Oliver Pratt et Stanley Tucci jouent un duo comique sur scène forcé de fuir faire leurs numéros sur un bateau de croisière où il y rencontre une galerie de personnage tous plus colorés les uns que les autres...dont celui qu'ils tentaient de fuir... Visuel hommage aux Frères Marx dont Woody Allen est un inconditionnel fan. Wood y fait une seule présence dans le rôle d'un directeur de casting pendant audition.

Antz. 1998.
Ce métaphorique conte animal racontant la vie des fourmis comme si ils avaient le rythme humain a eu la brillante idée de donner à son personnage principal la personnalité du personnage que Woody Allen a traîné de films en films entre 1969 et maintenant. Nous suivons donc une fourmi existentielle, légèrement névrosée, ayant très peu confiance en ses moyens et attirant la catastrophe comme le miel attire les abeilles. Woody Allen fait la voix de Z dans ce dessin animé fort intéressant de Dreamworks.

Company Man. 2000.
Woody accepte de tourner pour un ami, Douglas McGrath, qui scénarise parfois pour lui et qui est l'époux d'une assistant de Wood en plus de jouer lui-même dans 5 des films d'Allen. Largement calqué sur le scénario de Bananas (...de Woody Allen...) le film raconte l'histoire en 1959 d'un homme qui prétend être un agent de la CIA afin d'impressionner sa blonde. La CIA l'engagera pour vrai et il se trouvera à la tête de la gestion de l'invasion de la Baie des Cochons. La réception du film est brutale, Avec Sigourney Weaver, John Turturro, Alan Cumming, Ryan Phillipe, Anthony LaPaglia, Woodfy Allen et Dennis Leary dans des rôles secondaires on a qualifié les décisions de McGrath (qui s'est offert le premier rôle) d'insulte au métier d'acteurs. Le film fait 146 193$ alors qu'il a coûté 16 millions à produire. Une catastrophe.

Picking Up the Pieces. 2000.
Maintenant dans la soixantaine avancée, Woody a depuis longtemps prouvé à l'écran son caractère bénin en tant que personnage. Toutefois dans cette comédie d'Alfonso Arau Woody commence le film dans le rôle d'un magicien sciant son assistante en deux, ce qu'il fait pour vrai, la passant à la tronçonneuse en petit morceau et se sauvant avec les morceaux décomposés de son assistante qui était aussi son épouse. Il perdra une de ses mains dans le transport et cette main sera le fil qui guiderait la police à l'assassin. Woody incarne un gars (Tex) qui conduit un pickup, porte des chapeaux de cowboys et est largement tranquille malgré son statut de criminel. Tout le contraire de ce à quoi il nous as habitué au cours des années. Très intéressant composition dans son rôle. Film étonnant sur plusieurs plans mais pas particulièrement drôle, Avec David Schwimmer, Sharon Stone, Kiefer Sutherland et Fran Dreschner.

Paris-Manhattan. 2012.
Sophie Lellouche, pour son tout premier film, se paie le luxe d'avoir Woody Allen dans son film du début à la fin (référencé jusque dans le titre). Elle scénarise l'histoire d'une jeune fille obsédée par l'univers de Woody Allen qui ici, s'incarnera lui-même.

Fading Gigolo. 2013.
John Turturro scénarise, produit et réalise et joue dans cet effort cinématographique qui raconte l'histoire d'un vieux propriétaire de libraire (Allen) qui se découvre un talent d'entremetteur quand il recommande un ami (Turturro) à une copine (Sharon Stone) qui veut faire, avec une autre amie (Sofia Vergara) un ménage à trois. Si la chimie est excellente entre Turturro et Allen, le film est mal reçu. Vanessa Paradis et  Liev Schrieber sont aussi au générique.

Woody a 79 ans aujourd'hui.

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