samedi 31 janvier 2015

Elisa Lam

Le Cecil Hotel est situé dans la basse ville de Los Angeles tout près de Skid Row, l'une des régions les plus pauvres au continent où entre 3000 et 6000 sans-abris y (sur)vivent.

Quand l'hôtel est construit en 1924, il contient 700 chambres et offrent de très bas prix de location, afin d'attirer les gens d'affaires qui ne seraient que de passage à L.A. Toutefois, les bas prix attirent plutôt un autre type de clientèle: les paumés.

L'actrice Elizabeth Short y aurait été vue pour la dernière fois vivante avant d'être retrouvée coupée en deux dans un terrain vague en janvier 1947. Bien vite, d'autres hôtels, légèrement plus chers, mais mieux encadrés, supplantent le Cecil Hotel qui restera un lieu de transition pour gens mentalement, physiquement, professionnellement ou tout ça en même temps, égarés.

En 1985, le tueur en série Richard Ramirez y habite. En 1991, l'assassin autrichien, Jack Unterwerger qui tuait les prostituées qu'il se payait y logeait aussi.

En 2013, l'étudiante canadienne Elisa Lam, s'y trouve. Lam est originaire de Vancouver, mais revenait d'un séjour à Santa Cruz sur la côte Ouest. Elle blogue depuis 2011. Au travers de son blogue on peut y lire un côté dépressif et instable. Une colère. Un tempérament qui frôle l'agressivité par moments.  Elle cesse de bloguer en juillet 2012, avec des propos comme "J'ai passé deux jours au lit à me détester" et "je suis beaucoup plus active sur tumblr ceci ici restera mes états d'esprit de l'époque".

États d'esprit que l'on pourrait qualifier de sombres sans trop se tromper. Mais pas étranger aux montagnes russes émotives que vivent les jeunes de 19 ans.

Toutefois le site tumblr auquel son blogue renvoie sera peuplé, probablement par quelqu'un d'autre, jusqu'en décembre 2013...

Parce qu'Elisa Lam, un soir de janvier, à son cinquième jour d'hébergement à l'hôtel. disparaît. Des occupants de l'hôtel découvre un sérieux ralentissement du débit d'eau dans la douche et dans les éviers. L'eau sort même parfois de quelques gouttes seulement, noire, puis reprend son courant régulier. Certains autres trouvent que l'eau goûte étrangement sucré, mais d'un goût qui ne se décrit pas. Un goût fâcheusement méchant.

Ils boivent Elisa. Ou ce qu'il en reste. Dans l'une des citernes sur le toit, se trouve le corps décomposés depuis 20 jours de l'étudiante de 21 ans. Lam était bien enregistrée comme étudiante à l'Université de la Colombie Britannique pour cette session, mais ne s'était présentée à aucun cours.

Les questions commencent. Comment s'est-elle rendue à ces citernes, difficilement accessibles? Pour SORTIR ce qu'il restait de son corps, les pompiers ont dû scier une partie de la cloison retenant l'eau. De plus, pour se rendre au toit, une porte barrée et une alarme était actives.

Comme si ce n'était pas déjà assez étrange, une vidéo de ses derniers moments en vie, des images tirées d'une caméra de surveillance dans un ascenseur ont été trouvées.

Et les images peuvent être  dérangeantes.

On y voit Elisa entrer dans un ascenseur sans ses lunettes. Elle se penche afin de bien voir l'étage sur lequel elle voudrait se rendre, mais appuie bizarrement sur tous les boutons. Elle attend. Rien ne se produit, La porte de l'ascenseur restant ouverte, elle fait un pas dans sa direction et sort très rapidement la tête comme si elle avait eu peur d'y trouver un fantôme. Ou quelqu'un qui aurait niaisé en tenant le bouton qui garderait la porte ouverte de l'extérieur. Elle revient dans l'ascenseur tel un automate bien droite. Elle se place contre le mur droit comme si elle laissait entrer quelqu'un ou encore comme si elle voulait se cacher de l'ouverture de la porte. Elle fait un pas de côté, définitivement comme quelqu'un qui voudrait se cacher, On dirait même qu'elle écoute et entend une conversation. Elle se place tout près de la porte et dans l'embrasure de celle-ci, toujours ouverte, soit pour entendre la conversation du corridor, soit pour comprendre pourquoi cette porte ne réagit pas. Elle fait un premier pas dans le hall, lent et délicat mais saute du second pas pour se retrouver vivement dans le corridor. Elle écarte les jambes et fait un pas de côté sur la gauche,
Elle revient de reculons dans l'ascenseur puis resort sur la gauche, Elle y reste une quinzaine de secondes avant de revenir dans l'ascenseur, découragée avec des gestes de bras vers sa tête et réappuie sur tous les boutons avant de resortir et de retourner sur la gauche où elle se trouvait au préalable, dans le hall. Elle agite les mains devant la porte comme pour voir si celle-ci a un oeil magique détectant le mouvement. Elle continue à faire des gestes des mains dans le corridor qui évoque un brin de la sorcellerie, mais qui pourrait aussi simplement expliquer qu'elle parle à un employé de l'hôtel. Elle quitte. La porte reste perpétuellement ouverte, puis elle ferme. 12 secondes plus tard, elle s'ouvre. Puis se referme. Puis s'ouvre encore. Puis se referme une dernière fois.

Elle disparaît ce soir-là et n'est retrouvée que 20 jours plus tard.

Ce sont les mouvements étranges de mademoiselle Lam qui dérangent, mais en y pensant bien, et en relisant ce que je vous décris. ça ne semble pas particulièrement fou. Ni même surnaturel.

Sur le net et un peu partout on nage dans les théories surnaturelles et dans les méandres de la maladie mentale près de la sorcellerie.

Ce qui est flou, c'est sa mort inexpliquée.
Il est pratiquement impossible qu'elle eût réussie toute seule à se rendre là où on l'a trouvée.
Aucune trace de drogue ou d'alcool n'a été retrouvée dans son cadavre.

Quelqu'un qui avait la clé et les codes d'alarmes du toit, et une large dose de folie meurtrière, est assurément derrière tout ça.

Deux ans plus tard, il court, et sévit peut-être toujours.

Elisa Lam disparaissait aujourd'hui il y a 2 ans.

vendredi 30 janvier 2015

Pâle Palin

"The Silicon chip inside her head has switch to overload..."
-B.Geldof 

On a vu ça ailleurs. Quelques fois les concepts sont dans la tête, un brin humide, mais le cycle de séchage n'est pas encore terminé.

Alors tout atterrit dans le désordre par l'ouverture de la bouche.

On choisit tous nos corridors de vie à explorer. Mais certains "choisissent" de marcher dans la complète obscurité.

Le désordre des idées, croisé à l'ignorance pure, donne alors de drôles de résultats.

Sarah Palin n'a plus rien à prouver dans le désordre mental. Elle est l'exemple même de la fille lancée là où elle est définitivement trop petite pour s'y voir grandir. Petite dans ses connaissances du GRAND monde politique.

Ce qui m'impressionne, c'est que le républicains aient pu penser une seule seconde qu'elle était la candidate pour détrôner...pour détrôner...pour détrôner quiconque qu'un simple maire de village! Je ne doute pas qu'elle puisse peut-être être excellente dans sa petite communauté. mais il faut savoir mesurer ses bouchées avant de se présenter à un large buffet. On ne mange pas plus gros que ce que la bouche peut absorber. Ou si vous préférez, on ne se présente pas à des tribunes quand on s'exprime et que l'on raisonne comme une étudiante de secondaire 1.

On a parlé d'un discours de Palin où le téléscripteur a soudainement cesser de fonctionner cette semaine en Iowa, ce qui l'a forcé à improviser. Mais quiconque voit le discours de la première à la 35ème minute voit bien que Palin ne lit JAMAIS le prétendu téléscripteur et qu'elle improvise de bout en bout.

Quelques lignes de son discours?

"Screw the left & Hollywood"
"Coronation (couronnement), rinse, repeat"
"Obama is so over it! America, he's just not that much into you!"
"The man can only ride when the back is bent, we have to straighten up!"

La dernière ligne est digne d'un stand up comique. Woody Allen disait sur scène, "J'ai amené ma conquête dans la chambre afin d'essayer de lui faire ce que notre Président fait à la population du pays" (rires ici). La ligne de Palin est dans la même sauce. La sauce qu'on a jetée aux poubelles parce que trop fade.

Les deux lignes du milieu, j'aimerais vous offrir un contexte, mais pour dire vrai, le désordre verbal était tel qu'il n'y avait AUCUN contexte. C'est croire que cette femme n'a aucun conseiller. Ou qu'elle ne les écoute pas. Ou que tout ce monde n'a jamais préparé un exposé oral de sa vie.
Pour la première ligne, Sarah répondait en 5 mots longuement réfléchis aux critiques démocrates qui avaient décrié le dernier film de Clint Eastwood aux valeurs très républicaines.

Sarah Palin est de la trempe des politiciens qui laissent leur auditoire avec une tonne de questions au lieu d'apporter des pistes de solutions ou des réponses.

On parle du plus puissant pays au monde!

Il y a 8 ans, un vieillissant et mal avisé John McCain la choisissait comme co-listière pour sa course présidentielle républicaine, Elle sortait de l'ombre... pour la traîner sur scène...

Rarement la politique n'a paru plus obscure et confuse que dans sa bouche. Mais les Républicains croient (croyaient) encore en elle, dans une soirée qui comprenait les sérieux candidats potentiels républicains pour la prochaine élection présidentielle, Ted Cruz, Mike Huckabee et Chris Christie, Palin avait été placée vers la fin! comme une personnalité importante donc!

Soyez convaincus qu'elle s'est garantie les premières parties pour le futur. SI JAMAIS réinvitée. Pour dérider la foule peut-être, Mais encore.

Le problème pour les républicains c'est que ce sont les démocrates qui sont les premiers  à dire "merci".

Merci de la ramener pour vous tirer dans le pied. Tina Fey reviendra peut-être demain soir à SNL aussi. Ça aussi c'est une bonne nouvelle.

Dans le film de 1991 d'Albert Brooks, Defending You Life, un publicitaire meurt et pendant un temps au paradis est stand-up comique. Quand il lance à la foule (de morts) "So, how did you die?" un spectateur lui crie `Like you! on stage!"

C'est ce qui est arrivé à Sarah Palin cette semaine.

Elle a été enterrée en Iowa.

J'espère au moins que les républicains ont au minimum compris cela.

jeudi 29 janvier 2015

L'Ultra-Terrestre

L'enchanteuse, La fée septentrion, l'étoile des neiges, la sirène boréale, l'exubérante elfe, cette radieuse femme a attiré tous les sobriquets outre atlantique et extra-terrrestre tellement ses sons nordiques semblaient hors de ce monde.

Et pourtant, Björk est bien femme.

Femme dont je suis tombé amoureux des yeux bridés dès 1988 alors qu'elle était cube de sucre. Elle avait alors 23 ans. Moi, 16,

Mais Miss Guomundsdottir a commencé dans la bizz très tôt. Elle avait déjà un disque en banque au tendre âge de 11 ans. Pendant qu'Abba propulsait les artistes de pays nordiques sur la scène internationale, la petite Björk se laissait pousser par le vent du showbizz musical.
Ce vent nordique la ferait passer du groupe punk entièrement féminin Spit & Snot au groupe de jazz fusion Exodus, au groupe JAM80. Belle manière de passer son adolescence. Moi j'explorais des oreilles la musique, tandis qu'elle y participait activement. (Ses parents étaient d'ailleurs deux animés activistes). 

Elle est l'une des composantes importantes de la scène musicale grouillante de Reikjavik et son joli minois fera même la pochette d'un documentaire islandais sur le sujet, dans lequel elle est aussi intégrée. 

Mon premier contact avec Björk me vient de RBO: Rock & Belles Oreilles. N'oublions pas que ces finissants en communication de l'UQAM sont d'abord en avant tout des animateurs de radio, trippeux de musique comme moi. Et la toute première saison télévisuelle de RBO sur la naissante station TQS nous présente des sketchs comiques des 5 lurons (+Chantal Franke) entrecoupés de pièces musicales de leurs choix en présentées en vidéoclips. De là, le mot "Rock" dans le nom du groupe. Les gars de RBO avaient 20 ans. J'en avais toujours 16. Je découvre le félin visage de l'islandaise.
Je ne sais plus si j'achète ou si je ne vole une cassette des Sugarcubes, mais la cassette verte se retrouve dans mon walkman, Et y séjournera longtemps. Au moins deux chansons m'obsèdent et ne me lâcheront jamais.

À l'aube des années 90, je découvre le jazz. Drôle de hasard, Björk, alors que son groupe se prépare à se séparer, enregistre un projet jazz, que je découvre innocemment. Et que j'achète aussitôt l'année suivante, l'année de parution en Amérique. Björk me plait davantage. Elle apparaît dans toute sorte de projets dont quelques uns ouvrent ses horizons sur le bidouillage musical.

Björk rencontre la harpiste Corky Hale et une session commune en studio se rendra jusqu'à son premier album solo. Je reconnecte avec elle par le biais d'un impressionnant vidéo dirigé par le tout aussi impressionnant Michel Gondry.


Je suis toujours amoureux.

La nef islandaise est partout l'année suivante. Trop. Elle est le toast of the town, Même Madonna lui colle au cul et Bjork lui écrit un morceau (que la Madonne retouche aussi).

Björk devient tant la chouchou des critiques que je m'en lasse un peu. Je sens que ceux qui l'aiment, l'aiment "parce que ça fait cool de le prétendre". Elle ne m'est plus exclusive. Je snobe son second effort qui sera pourtant meilleur. Je trouve un côté "phony" à tout ça et plante mes oreilles et mes yeux ailleurs. De plus, l'attention que l'on porte sur Björk est devenue presqu'exclusivement visuelle et de moins en moins auditive.

Quand en 1997, Björk lance son troisième album solo, il se trouve que je m'abonne au catalogue Columbia qui nous demande d'acheter 12 albums, dans un catalogue précis pour 1$ (1 Cent?) avec obligation d'acheter par la suite un album, plein prix, par mois. Le truc est vieux comme le monde. On achète les 12 albums pour la ridicule somme, on écrit "décédé" sur les enveloppes qui suivront ou encore on existait sous un pseudonyme, ou on est en âge de déménager chaque 1er juillet ou tout ça à la fois, mais on se fait 12 albums vite faits et on fuit Columbia est ses avocats qui ne parlent pas français et qui en resteront effrayés comme tout le monde.
Nettement accroché par son morceau Bachelorette. qui est secondé par cet art qu'elle maîtrise maintenant très très bien: le support visuel, je choisis alors, pour atteindre mon total de 12 albums, de me commander la trilogie de ses trois premiers albums.

Je ne serai jamais déçu de ce trio d'album que j'écoute bien souvent comme un seul triple album.

J'aime le froid, j'essaie de vous emmerder le moins possible avec ça et Björk est tout ce qu'il y a de nordique. Froide dans ses musiques, plus cliniques que chaleureuse, mais grise et lêchée comme cette pochette Homogénique lancée en 1997. J'ai 25 ans. Dans  2 ans, je serai heureux papa.

Björk est mère d'un garçon depuis ses 20 ans. Garçon conçu avec le guitariste des Sugarcubes en 1986.
Elle est aussi mère d'une fille depuis 2002. Crée avec le concepteur visuel Matthew Barney dont elle est la compagne depuis 15 ans.

Les deux artistes habitent ma ville préférée; New York.

J'ai perdu de l'ouïe Björk quand mes enfants sont entrés dans le décor. La suite de Björk je veux dire, Je ne la suivais plus. Trop expérimentale pour l'expérience familiale terre-à-terre qui m'attendait. Les trois premiers albums me suffisaient pour l'oreille. Et ici et là dans un coffret regroupant les meilleurs efforts visuels de Michel Gondry.

Je l'ai même haïe dans un film de Lars Von Trier. Déplacée à mon avis. Mais en même temps, Lars me fait sortir de mes gonds. Et les comédies musicales me sont d'un désintérêt fatal,

En 1996, elle était au bout du rouleau. Quand une journaliste la pourchasse pendant 4 jours et qu'elle attend à nouveau Björk à son arrivée à l'aéroport, Björk perd la tête. Comme si la fatigue mentale ne suffisait pas, la même année, un désaxé envoie à la chanteuse une vidéo de 18 heures où il explique son obsession de la star, la confection de la bombe qu'il vient d'envoyer à son attention (interceptée heureusement par les autorités) et se suicide à l'image.

Björk en sera, à juste titre, bouleversée à jamais. Elle laisse tomber une image un peu "cute" pour devenir plus expérimentale, moins coquette et plus "chose". Des frontières mentales et physiques tombent.  C'est à cette époque qu'elle quitte l'Europe pour toujours.

Elle a lancé un nouvel album il y a une semaine et on en dit beaucoup de bien.
Je n'ai pas particulièrement aimé le nouveau Björk.

Mais j'avais adoré Vespertine lancé en 2001 mais découvert plus tard.
Par son côté aérien, froid, nordique mais aussi étrangement terrestre.
Ses jeux de voix, de cordes et la blancheur de la pochette qui faisait presque penser à la neige et à la glace que j'aime tant.

Je vous le réservais même pour une Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable.

Je l'ai acheté hier.

Depuis, j'erre dans ces airs aux atmosphères glacières.

Ces 4 premiers albums ont tout pour me plaire.

Les autres peut-être un peu plus tard.

Mais la Nordicité de cette belle elfe m'enveloppe complètement dans le bonheur.

En 4 saveurs.

Toutes froides.

Et lumineuses à la fois.



mercredi 28 janvier 2015

Poil au Menton (Cendrillon des Neiges)

"Wouah papa! tu piques" se plaint Punkee quand je lui fait une tendresse sur la joue.

C'est moi où la barbe a la cote?

Dans une publicité que j'adore pour un site de voyage où tout se passe dans les regards et dans deux splendides sourires à la vingtième seconde entre deux êtres très charismatiques, l'homme porte une généreuse barbe, ce qui ne semble pas déplaire du tout à la jolie rousse aux yeux bruns. Vous remarquerez les commentaires sous la vidéo: le gars est hawt! elles sont unanimes.

Dans une autre publicité, Québécoise, celle-là, une jeune femme un peu timide approche un barbu dans un resto-pub qui lit au comptoir. Elle prend son courage à deux mains pour lui dire, toujours timidement, que "son nouveau look...ben ça lui va bien". Elle fait bien sur référence à sa voiture, puisqu'une série de pub faisant la promotion de cette voiture ont toute la même idée de la double référence (au gym, à la sortie d'une boutique,  à la conclusion d'une date, etc.). Le gars est aussi généreusement barbu dans son look qui lui plait.

Dans la mal calibrée émission Vol 920, l'un des candidats les plus populaires était aussi très barbu.

Dans ce sport barbare qu'est l'ultimate fighting, il y a ce bagarreur, Hendricks, qui est extrêmement barbu. Mais je peux comprendre dans son cas, la barbe peut aussi servir de protection pour la mâchoire.

Le dernier chum de la chanteuse Björk* est aussi très poilu du menton.

And so am I.
En poivre et sel.

Jusqu'il y a deux ans, je n'endurais jamais plus que trois ou quatre jours de "non rasage". Je n'ai jamais été hyper capillaire (héritage atikamecw). Mais une fois, en novembre sans avoir eu l'intention de faire le Movember,  j'ai laissé poussé pour cacher un bouton idiot qui poussait dans ce visage qui n'en avait jamais vraiment souffert. Le poil était si rare dans mon visage depuis 40 ans que j'ai même envoyé un selfie de celui-ci à des amis qui m'en trouvait fort changé.
 Le regard de l'amoureuse a aussi changé sur ma personne et elle s'est faite plus féline soudainement. Roulant des paupières de désir. Mes propres soeurs m'ont dit "Hey bro, ta barbe...it's a keeper!". Donc depuis deux ans, je me rase aux deux semaines. Et  c'est maintenant sans barbe qu'on me reconnait moins.

Je me suis donc rasé, ne serais-ce que pour avoir accès à la joue de ma fille sans être repoussé de dégoût.

"Squick squick" en me rendant au travail à l'entrepôt, je me rendais compte que ma botte gauche faisait du bruit à chaque pas. Ma carrière d'amant étant en péril, (puisque je ne pourrais plus quitter une chambre sans faire de bruit), je me devais de remédier à cela au plus vite.
Une fois dans l'entrepôt, on ne m'a pas reconnu.


"Oh! t'es nouveau? tiens! prends toi une carte de punch, écris ton nom en haut et punch là-bas! Sadoul m'avait pas averti que tu rentrais aujourd'hui" m'a dit Tony, gérant de remplacement. J'ai joué le jeu. j'ai écrit Tarto Morin-Guay sur la carte et me suis présenté avec un accent russe comme un Québécois d'adoption. Les nouveaux travailleurs de l'étranger sont fréquents chez nous. On m'a confié de tâches de bureau pour ne pas trop me fatiguer à mon "premier jour" et j'en rigolais intérieurement tout en en savourant chaque moment. J'ai entendu Tony dire "Jones 'est pas rentré!" ce qui m'a un peu inquiété, mais dans le même souffle il a dit: "pas grave. il est vaillant, ça ne lui arrive jamais, on va lui pardonner..." Quand on travaille la nuit, l'avantage dans des situations du genre c'est que les boss n'osent pas appeler à la maison car nous sommes justement la nuit, et qu'ils ne veulent pas réveiller quiconque que nous dans la maisonnée. Si on ne se pointe pas, ils ne nous courent tout simplement pas après.

J'ai passé la journée à me faire présenter des gens que je connaissais déjà et à feindre un accent russe, plutôt poche. Des filles qui ne me jetait aucun regard, semblait soudainement intéressée par ma personne, jusqu'à ce qu'elles apprennent mon nom et se désintéressent aussi vite. Sauf la grosse Suzie, friande des tartes aux meringues.

En revenant à la maison, j'ai aussitôt placé de la colle dans ma semelle gauche afin de boucher le trou qui faisait "squick, squick".  L'amoureuse m'avait laissé une note disant qu'elle avait besoin que j'aille chercher un coûteux bijou qu'elle avait payé. Je n'aime pas quand elle croit que je tombe en vacances vers 13h. JE DOIS DORMIR. Au moins 3 heures. Mais bon, je l'aime alors j'ai été faire sa commission. Ma botte droite collant toujours un peu plus longtemps au sol, parce que je n'avais pas assez attendu qu'elle sèche. Un irritant échangé pour un autre.

Avant de prendre son bijou, j'ai choisi de m'acheter un manteau d'hiver. Le mien était dû. Puis me suis rendu au sérieux kiosque du sérieux bijou.

"Vous avez une preuve d'identité Monsieur Twingling?"
"Je...je ne suis pas monsieur Twingling, Twingling c'est le nom de famille de ma conjointe, je suis M.Hunter Jones"
"Elle ne vous as pas désigné pour venir prendre ce bijou, avez vous une preuve d'identité?"
J'ai sorti mon permis de conduire où j'y porte la barbe sur ma photo.
"Ceci n'est pas vous ça M.Jones"
"Vous me niaisez, n'est-ce pas?" j'ai dit.
"Vous voulez voler ce bijou et vous avez volé ce portefeuille..."
J'en avais assez entendu, j'ai arraché des mains et le bijou et le permis de conduire et j'ai pris mes jambes à mon cou jusqu'à la voiture dehors.

Laissant derrière un homme qui criait "POLICE! POLICE!" et un soulier/botte pour pied gauche bien collé au sol.

J'ai roulé à toute vitesse de mon pied gelé habillé d'un bête bas mouillé. Si la police me rattrapait, je serais tout aussi coincé, ces crétins ne me reconnaîtraient pas plus sur ce même permis de merde. Pour semer tout poursuivant j'ai bifurqué vers une station service où je me suis caché dans un lave-auto.

Là, j'ai respiré.

En sortant du lave-auto, il faisait tout de même -28, les portes ont complètement gelé. Autant que mon pied gauche. En arrivant à la maison. mon arrivée à coïncidé avec celle de ma fille. La voiture de l'amoureuse était aussi à la maison, Elle avait donc terminé plus tôt.

Ma fille a pris panique quand, pour sortir de la voiture, j'ai dû donner plusieurs coups d'épaules pour en sortir, suis tombé au sol et suis monté derrière elle au pas de course car mon pied gauche ne répondait plus de rien. Punkee hurlait. J'ai perdu mon bas (dans la voiture probablement). Je ne sentais plus mon pied.

"MAMAN! MAMAN! UN MONSIEUR NU PIED ME COURT APRÈS!!!!!!!!" et elle est entrée en trombe dans la maison.
"C'est papa chérie, c'est pa..."  J'ai commencé mais en vain en entrant dans la maison je mangeais un coup de balai en pleine tête, m'écroulait au sol sur le dos et découvrait, planté vers mon visage un couteau en provenance des mains de l'amoureuse me tenant en joue.

"QUE NOUS VOULEZ-VOUS?" a-t-elle tonné.

"Je vais me laissez repousser la barbe, namour, laissez-moi tranquille, je dois dormir...

...je dois....

...dormir...

Et j'ai perdu connaissance.

Poil au menton pour Cendrillon.

Problèmes, sinon.








*je vous entretiens justement de l'Islandaise demain.