lundi 11 mai 2015

Calme & Réfléchi

Quand le drame qui est survenu récemment au Népal s'est produit, il y a avait quelques Québécois sur place dans les montagnes.

À leur retour au pays la semaine dernière, retour nécessairement très émotif pour les familles et amis, un père disait de son fils qu'il ne s'était pas complètement inquiété car il savait son fils " calme et réfléchi". J'ai trouvé cette scène très belle. Cette assurance paternelle, croisée de fierté dans l'oeil, que tout irait bien. Cette manière de s'exprimer de sa part qui transpirait justement le calme et la réflexion.

Calme & réfléchi.

J'ai aussi pensé à ce que ma mère dirait de moi dans une telle situation et ce ne serait pas ces deux mots qui lui seraient venus à l'esprit.
"Très inquiète parce qu'on ne sait jamais avec lui" aurait été plus appropriée de sa part à mon égard.

En effet, je suis plus enclin à la panique que le contraire en général. Ça me vient de mon père. Je ne doute pas que je m'en serais tiré au Népal moi aussi car je suis imprenable par la mort avant l'heure, mais j'aurais jouer du nerf bien tendu assez longtemps.

Ce qui ne veut pas dire que ce jeune homme ne serait pas tendu et ne restera pas traumatisé d'une quelconque manière par cette terrible expérience, mais moi, bien souvent, je couche le tapis du traumatisme avant même que le drame ne survienne, pour pouvoir me rouler dessus comme un chat se roulerait dans l'herbe à chats.

Je me suis à rêver qu'on dise de ma personne que je suis calme et réfléchi, moi aussi. Trouvant ses qualités excessivement admirables.
Mon corps, pendant qu'il faisait 28 et 33 dehors et que les airs climatisés des endroits publics dilapidaient leur poussière allègrement, a attrapé une vilaine grippe qui m'a sérieusement amoché pendant quelques jours. Je toussais comme un vieux fumeur de 91 ans et j'avais une quantité non négligeable de cramas sur les cordes vocales en permanence. J'explosais du nez aussi comme un allergique hystérique en panique, tabernick.

Désorienté dans l'espace et le temps par mon horaire de nuit de la semaine, et par une journée de congé qui m'a fait passer 10 heures entre une clinique médicale et un hôpital avec mon fils, j'ai nettement perdu la notion du temps pendant quelques jours. J'ai entre autre perdu le compte du super sirop que je devais prendre toutes les 6 heures selon les indications sur le côté de la bouteille. Ne sachant trop où j'en étais rendu dans mes consommations de deux cuillères à soupe de sirop,

Si bien que j'ai dû en prendre trop et ça m'a rendu amorphe. Space. Vertigineux.

Je ne sais trop si c'est mon sirop où mon envie de me faire dire que j'étais quelqu'un de calme alors qu'à l'intérieur je me sens souvent comme un solo de Micheal Angelo Batio, mais sans mentir ni rien, le même jour, un samedi infernal à l'entrepôt et en l'espace de quelques heures, mes deux souhaits se sont exaucés.

Le premier était facile et je n'y ai repensé qu'après que le second ne se soit produit. Je travaille avec des gens qui n'ont pas nécessairement été à l'école hyper longtemps et qui n'ont pas obligatoirement fait travailler leur tête autant, disons, que le nerd mental que je peux être parfois. Je faisais part à trois collègues de cette publicité pour Barbie's Restaurant Grill, et leur disait que la chanson thème de la pub m'avait toujours agacé.

"Ouin, moi aussi je la trouve poche la toune" a dit l'un d'eux.
"Non, il y avait autre chose qui me tombait sur les nerfs et je ne trouvais pas quoi jusqu'à ce que je découvre que la chanson, qui comprend 15 mots, ne contient aucun verbe"

Je leur aurait dit que le théorème de pythagore n'était pas un film de science-fiction que leurs regards n'auraient pas été différents.

"Barbie's Restaurant Girl, quel endroit, quel festin et toute une ambiance, chez Barbie's Restaurant Grill... pas de verbe"

Personne n'avait remarqué que je venais moi même de faire la même chose: la même phrase sans verbe, de 3 mots de plus. Après s'en être étonné le plus vieux des trois, un homme élevé dans la congrégation du Saint-Coeur de Marie où tous les hommes (ou presque) se nomment Eugène et toutes les filles Eugenia et que les grands-pères sont des "Laflèche", a dit:
"T'as remarqué ça, toi? T'es songé!".

Pendant un instant, en tout cas par rapport aux trois collègues, je me suis senti plutôt intello chez les matelots.

Plus tard, à ma seconde pause, un autre collègue m'a dit à brûle pour point:
"T'es calme, toi"
"Tu trouves?"
"Ben je t'ai jamais vu lever le ton vraiment, tu fais tes affaires, t'es jamais en colère, rien"

Ce qui est faux, je vis des colère intérieures Homériques, comme pendant ce 10 heures dans le labyrinthe de notre système hospitalier pendant ma journée de congé, mais justement, je ne transporte jamais le personnel au travail. Et physiquement nous défouler comme nous le faisons la nuit, (lui il s'occupe de la maintenance) c'est comme jouer un long match de hockey de 5 heures. À la seconde pause, on a la langue à terre. Et ce sirop que j'avais pris en trop.., enfin...

Calme et réfléchi j'ai été pendant au moins un samedi.

J'y travaillerai quand même pour le restant de ma vie.
(longtemps donc :)

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