vendredi 31 juillet 2015

Les Nouveaux Pornographes

Je ne me rappelle plus quel magazine québécois avait fait ce choix mais il y a quelques mois, ce magazine a choisi en une seule publication de laisser tomber toute forme de crédibilité journalistique en titrant à la une "PAUL MCCARTNEY SERAIT MORT EN 1966 ET DEPUIS REMPLACÉ PAR UN SOSIE".

Un sosie étrangement talentueux, lui aussi, heureux hasard.

On ne titrait même pas que c'était peut-être un canular, on titrait que le canular c'était le fripon qui avait enflammé les Plaines d'Abraham il y a quelques années.

J'ai toujours cru que les idioties, La princesse Kate jetée par la reine hors de la cour entre 6 et 7 fois par année, Brad et Angelina, séparés depuis 12 ans, je croyais ce type de supercheries la panacée des États-Unis d'Amerderique. Je savais le Québec distant de ce type de niaiseries. On pouvait en rire comme on rit des candidats qui participent aux téléréalités obscènes qui sévissent au pays de l'Oncle Sam. 

Parce que justement, on se console en se disant qu'il s'agit des autres.

Mais là, je me mets à la place du touriste, et à cette période de l'année il en pleut des touristes, et je croise un magazine qui titre que Paul McCartney ne serait pas Paul McCartney et je ne pourrais m'empêcher de penser que ce peuple est en retard pas simplement sur son époque, mais sur le MONDE ENTIER d'au moins 45 ans. 

Puis, quelques semaines plus tard, le même magazine ou un autre, bref un magazine Québécois puisque nous sommes les seuls à s'intéresser à Céline Dion, titrait:
LES DERNIÈRES NOUVELLES SUR CÉLINE DION.

(...)

"Les dernières nouvelles sur Céline..."

Louis-Ferdinand? non, Dion.

Christ!

Je ne suis pas éditeur, en fait un peu oui, à ma manière, ici, mais est-ce que c'est tant le désert ici pour être obligé de revenir sur la petite fille de Charlemagne? Et ne même pas se forcer pour trouver un titre accrocheur? 

"Qu'est-ce qu'on publie cette semaine en Une?"
"Haaaa! les dernières nouvelles sur Céline"

Voilà! Créativité les amis!

Je sais que les magazines Québécois ont comme principal public les femmes, généralement seules (même en couple), entre 25 et 55 ans, et qu'elles aiment, admirent , adulent peut-être Céline, mais JUSTEMENT, si elles sont si seules, c'est peut-être parce qu'elles ADMIRENT Céline Dion...

Bon...je dis des niaiseries. Les gens ont bien le droit d'aimer la chanteuse à voix en couple avec son grand-père, mais faudrait au moins se forcer à trouver un titre plus accrocheur que "les dernières nouvelles sur Céline".

Christ! on a juste une artiste et on a besoin d'un update aux 3 mois?

Les magazines sont devenus la nouvelle pornographie. On écrit un texte entier, souvent inventé sur le compte d'un artiste, à partir d'une simple photo. 

"Tiens, on a une photo de Renée Zelwegger qui semble confuse, écrivons un article sur son état mental déstabilisé depuis qu'elle a montré sa nouvelle face".

C'est pas de la nouvelle artistique, c'est de la grossièreté.

Et le mot "sexe" est une vraie joke. Si un magazine était reconnu coupable de diffamation, je leur donnerais comme amende de ne plus avoir le droit d'utiliser le mot "sexe" pendant un an.

Le magazine serait franchement baisé.

PARTOUT. Aux États-Unis comme au Canada anglais, comme au Québec, dans les trois pays, on plante le mot sexe à la une, sans trop savoir ce que l'on a à en dire, de toute façon, on écrira n'importe quoi en dessous sur la chose qu'on fantasme plus que l'on ne fait. Vous croyez qu'elles ont consulté les hommes pour savoir leur 75 sex moves préférés? 

On écrit le mot SEXE aussi gros que le titre du magazine comme on crierait d'une foule pour se faire remarquer. Et c'est exactement ce que les magazines veulent faire. Sur un kiosque, ils sont 125 types de magazines, il faut attirer l'attention. Mais quand tout le monde titre Sexe, what's the point?

Si j'avais un magazine, je l'appellerais SEXE. Sans même nécessairement en parler. 

Juste pour créer la discorde dans les kiosques. 

Et pour que tout les autres magazines me fassent une pub gratuite sur leur Une.

J'ai très honte de nos magazines.
J'en suis bouleversé à chaque fois que je suis dans le line-up à l'épicerie.

jeudi 30 juillet 2015

Ne T'approches Pas de Ces Globes Qui Mettront le Feu à Ta Robe

"La mort est au rendez-vous, au mieux tu deviendras fou"
-T.Fersen 

Mon amie N.C. disait par le passé, et plusieurs le croient encore, que notre manière de conduire une voiture reflète notre manière de conduire nos ambitions.

Ce n'est pas complètement faux. Je tombe amoureux de villes (Montréal, New York, Londres, Barcelone) où y avoir une voiture n'est pas du tout indispensable. Je serais aussi complètement capable de vivre sans voiture. Je ne m'intéresse pas à la chose et je trouve indécent les prix de l'essence.

On pourrait dire la même chose de mes ambitions. Je ne vise pas la carrière qui me donnera du prestige. Je ne cherche qu'à meubler le temps qu'il me reste à vivre. Tout comme je conduis simplement pour me rendre là où je dois aller. Mon beau-frère, féru de voitures et qui a acheté la même que la mienne, m'a fait remarquer l'autre jour que j'utilisais ma voiture à 10% de son potentiel.

Peut-être. Mais c'est tout ce dont j'ai besoin. Et je compte, en comptant jusqu'à hier, 0 accident en 28 ans de conduite automobile.

Par rapport à ma vie professionnelle en revanche les accidents se sont multipliés avec l'âge. J'ai plus jeune visé une carrière de hockeyeur dans la LNH, puis une carrière dans le domaine artistique, puis un peu plus à l'ombre dans le domaine artistique, puis j'ai choisi de ne plus chercher en vain le bonheur au travail. J'ai choisi l'ombre.

Mes ambitions ont évolué.
Ou dévolué, c'est dans l'oeil de celui qui lit.

Mais une chose est toujours restée et je ne me suis jamais expliqué complètement pourquoi.

Vouloir à tout prix faire de l'argent, dans ma conception des choses, depuis toujours, c'est absolument sale.

Pour renforcer cette idée (et expliquer les accidents) chaque fois que j'ai accepté un emploi parce que le salaire était nettement plus important que le job précédent, je me suis 120% cassé la gueule. Ce fût les pires décisions de ma vie. Et pourtant je ne suis pas CONTRE l'argent, pour vivre comme on l'entend, ça en prend, alors il faut bien le gagner quelque part.

Mais quelque chose s'est déréglé quelque part dans nos systèmes de valeurs.

Autrefois, les athlètes étaient traités comme des amuseurs publics. Comme les artistes de nos jours. Ils nous divertissent et nous changent les idées. Toutefois, dans le sport, quand on a compris que les bandes de hockey pouvaient ne plus être blanches, que les pauses commerciales pouvaient s'étirer de 3 minutes si on allongeait assez de billets verts et qu'un athlète pouvait gagner beaucoup plus cher si il portait votre linge, les athlètes, leur univers et leur sport ont changé. Et aller voir un match de hockey au Centre Bell n'a pas la valeur d'un match au Forum dans les années 80 quand le rythme n'était pas dicté par l'argent.

Si je faisais une fortune, je ne vous le dirais pas. J'associe toujours, quelque part dans mon cerveau de 43 hivers, l'argent à l'obscénité.

Je crois avoir enfin compris pourquoi avant-hier.

Parce que trop d'argent rend fou. Ou du moins vous rend insensible au reste du monde entier qui n'a pas votre fortune. Et ce n'est pas nécessairement calculé rationnellement, mais le riche ne peut pas penser comme le moins fortuné. Sa réalité n'est pas celle du moins fortuné. Son frigo est défectueux, cesse de fonctionner, on y perd tout ce qu'il y avait dedans, il va en rire. Pas le moins riche. Fiston aura fait un léger accident avec une des voitures, on lui en rachètera une autre. Même si la voiture n'était pas perte totale. Et ainsi de suite.

Un fils de Robert Kennedy avait comme plaisir de jouer au football...en descente de ski. La veille du jour de l'an 1998, il a manqué une passe mais n'a pas manqué l'arbre contre lequel il a fait un face à face à pleine vitesse. Ne portant ni casque, ni protection, il est déclaré mort une heure 35 minutes plus tard.

Les riches ne s'amusent même pas comme les moins riches.

Un dentiste du Minnesota a payé 70 000 $ pour pouvoir tuer un lion au Zimbabwe.

"C'était un lion magnifique, un lion mature, nous ne savions pas que c'était un lion connu. Mon client avait un permis de chasse qui lui donnait la chance de tuer un lion avec un arc et une flèche, là où il l'a fait" s'est justifié le guide plus riche de 70 000$ U.S.

Suis-je le seul à trouver cette déclaration obscène?

Quand vous trouvez quelque chose de magnifique, vous le tuez vous?
Si il n'avait pas empoché 70 000$, le guide aurait eu un tel raisonnement?

Fucking sick disent les chinois. Des gens du genre sont, de par leur construction, mes ennemis.

L'argent c'est exactement comme la lumière pour les insectes.
Plusieurs sont attirés, plusieurs s'y brûlent, plusieurs évitent l'aveuglant piège.

Le riche dentiste chasseur et le guide ont tous deux été arrêtés et seront convoqués devant la justice au Zimbabwe. Pays reconnu pour sa justice achetable.

Ernest Hemingway est plié de rire au ciel.

mercredi 29 juillet 2015

Dans une Boîte à Laval

Laval est un peu coincée dans les années 80.

Comme si avant la chute du maire Vaillancourt, on avait préparé le 50ème anniversaire de la capitale de la corruption en se rappelant les débuts de cette ère de crosse.

On a fait une "place du 50èrme" qui est en fait un stationnement encadré de clôture avec une scène sur le flanc nord.

C'es là que j'ai vu Platinum Blonde et replongé entre 1983 et 1987.
Aux côtés de trois pelés, deux tondus et quelques égarés.
Tous de mon âge.

C'est là que Laval a (va?) présenter Patrick Norman sur scène. Mais Pat il bosse beaucoup. Et il a renouvelé admirablement son public sur plusieurs années depuis. C'est parce qu'il n'a pas laissé passer, la chance d'être aimé et que le coeur devient moins lourd, quand on est en amour.

En 1984.

Et ce soir qui présentent-ils pensez vous?

The Box.

THE BOX!

Vous vous souvenez 1985? L'Affaire Dumoutier?

Ce qui était remarquable c'était l'aspect "cinéma" de la chanson. Les voix françaises qu'on entend à l'arrière, Le bassiste dans le rôle de l'aliéné , le chanteur dans le rôle du commissaire, le guitariste en journaliste, le claviériste du groupe en policier au début, puis qui revient en avocat de la couronne à la fin, Elizabeth Dumoutier apparemment  frappée à la tête par une pelle, mais dont la tête est intacte et endormie, bien peignée, dans les premiers plans quand on la découvre supposément morte.

Drôle avec le recul.

Mais il y avait aussi la musique. J'aimais leur musique dans les années 80. J'avais entre 8 et 18 ans. C'était les années d'or. Pour Laval aussi probablement on apprenait à cochonner son prochain impunément dans les années 80 avec Gilles. Voilà pourquoi on a joué la nostalgie. C'est un peu tout ce qui reste à Vaillancourt et ses sbires, la nostalgie des jours heureux.

C'est drôle parce que dès 1993, dès mon arrivée à Montréal du 418/819, nous savions déjà tout des crosses de Laval. Nous savions que c'était l'endroit par excellence pour crosser le système. Nous étions tout juste sur la voie d'accotement de cette voie. Nous avions 20 ans, fréquentions une université qui nous promettait l'absence de jobs, il nous fallait penser à des plans de sortie.
Qui était aussi des tremplins. Il fallait penser à notre futur. On savait que Laval était la voie de la corruption en cas de rejet ailleurs.

Quand le roi Gilles est tombé, les gens surpris étaient les plus naïfs. Pensiez vous qu'il régnait sur le 450 toute ses années parce qu'il était bon? C'est parce qu'il laissait faire les bonnes personnes. Et je ne parlerai pas de nationalité dominante dans le secteur de la crosse, j'aime trop l'Italie pour ça.

Le chanteur de The Box semble d'origine italienne (Pisapia). C'est peut-être pour ça qu'on les as invité à Laval. Jean-Marc était claviériste pour Men Without Hats. Peut-être que les prochains sur scène seront justement Men Without Hats. On peut entendre l'influence de Men Without Hats sur des morceaux de The Box. Men Without Hats c'est très 80's.

Peut-être aussi que Laval est aujourd'hui principalement peuplée de vieilles biques de 43 ans comme moi à qui on veut faire plaisir.

"Hey babe! on va tu voir The Box à Laval?"
"Corey Hart?"
"Est-ce que ça sonne pareil The Box et Corey Hart?"
"The Boy in the Box c'était lui, non?"
"Noooooooon! Closer Together, Closer Togetheeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeer!"

J'aurai hurlé en tombant d'un édifice convaincu de ma mort prochaine que ce n'aurait pas pu être pire.

Ça ne lui a pas tenté.

Je pense que c'est parce que c'était dans un parking à Laval.
Le parking du 50ème spectateur.

mardi 28 juillet 2015

Le Fil & Les Aiguilles

Enfant, tout le monde trouvait Whitney Houston adorable.

Son père, après un service militaire travaillait dans l'entertainment et sa mère chantait du Gospel sur scène. La petite fille montait la rejoindre et chantait avec elle. Petit à petit, son nom a commencé à circuler. Elle allait chanter sur les disques de Chaka Khan, Gladys Knight, Roberta Flack. Lou Rawls, Jermaine Jackson.

Sa marraine était Aretha Franklyn, ses tantes, Dionne & Dee Dee Warwick.

Ado, elle est encore plus craquante. Non seulement elle chante bien, mais elle est d'une beauté qui fait se battre les agences de mannequins. Elle pose pour des revues pour ados, joue dans des commerciaux, on lui offre des contrats d'enregistrement en studio pour y faire un disque. Sa mère dit non.

Un parent, ça encadre. Une jeune fille de son âge doit d'abord terminer son école secondaire. Et c'est ce que la jeune Whitney fera.

Elle enregistrera son premier album entre 1983 et 1985. Mais même si on prend un soin fou pour choisir les bonnes personnes pour travailler autour de la jeune fille, on sent qu'il existe une certaine fragilité, une craque dans l'oeuf. Un polissage pas 100% lisse bien coupé sur le diamant. Les deux premiers extraits lancés sur le marché pour promouvoir l'album sont des erreurs. Rien n'est parfait. Rien ne sera jamais parfait.
Étrangement c'est par le jazz qu'elle sort de l'ombre. Le troisième extrait attire complètement l'attention. Et le quatrième la place au sommet de la musique planétaire. Tout l'amour du monde l'enveloppe pendant facilement deux ans.

Elle vendra 25 millions de fois, tout le monde l'aime, elle est demandée partout et collectionne les trophées aux Grammys.

Elle est la saveur du moment. Deux ans après la sortie de son premier album, ses singles jouent encore à profusion et The Greatest Love of All est même nommée pour chanson de l'année ici et là.

On ne perd pas de temps et on enregistre la suite qui sera tout aussi publiquement jubilatoire, malgré quelques inconsistances et erreurs de choix. Les radios jouent sa musique à profusion.

Mais sa vie colorée passe maintenant au noir et blanc. Avec l'accent sur la noirceur.

Whitney aime les bad boys. Elle est la copine du joueur de football Randy Cunnigham puis d'Eddie Murphy avant de rencontrer Bobby Brown en 1989.

Bobby est, comme elle, un jeune chanteur qui a été révélé adolescent. Ils ont ça en commun. Contrairement à ce que tout le monde croit, ce n'est pas lui qui introduit Whitney aux drogues mais bien son frère, Micheal Houston. La famille au grand complet vit de grands moments, et parmi ses moments de grands luxe, arrive les opportunités nouvelles. Micheal fait le choix de la drogue et sa soeur suit le mouvement. Elle épouse Bobby Brown à l'été 1992. Elle est peut-être déjà enceinte. Leur fille unique, Bobbi Kristina, naîtra en mars, l'année suivante.

Les années qui suivront, outre un moment mémorable sur film et sur les ondes radios (emprunté à Dolly Parton) mettront l'attention publique davantage sur les histoires d'infidélité de Bobby Brown, sur les histoires de violence conjugale entre lui et Whitney et sur les histoires de consommation de drogue.

Whitney vit sur un fil. Le caractère public des choix de Winny & Bobby rend la vie privée fort compliquée. Parfois ils tombent tous les deux dans le vide. Sur un lit parsemé d'aiguilles. Bobby restera dans le rôle du mauvais garçon tout le reste de sa vie. Whitney ne sera plus jamais la même. Elle se drogue. elle se désintègre peu à peu. Dans le but probable de changer son image publique, Bobby Brown aura son propre show télé, une téléréalité, qui nécessairement impliquera toute la famille. Whitney n'y parait pas bien.
Tout ça est grossier.

Oui les Houston/Brown sont revenus dans l'actualité, mais ils sont devenus risée.

Bobbi Kristina ne grandit plus dans l'ombre. C'est Whitney qui passe le plus de temps avec elle. Elles sont inséparables.

Mais la veille de la soirée de cérémonie des Grammys elle est retrouvée inconscient et submergée dans le bain de la suite 434 du Beverly Hilton Hotel. Son corps est encocaïné, mais on ne le sait pas encore. Elle est déclarée morte dans la nuit.

Bobbi Kristina voulait peut-être suivre les traces de sa mère dans la business.

She did.

On l'a débranchée avant-hier.



lundi 27 juillet 2015

Dans La Famille du Boss

Pierre-François Legendre.

Oui, lui en photo, le comédien. Vous le connaissez. Du moins au Québec. J'étais de la même école secondaire et de la même année que lui. François Létourneau aussi d'ailleurs. Nous avons tous le même âge.
Mais voilà, En secondaire 1, le directeur de notre niveau c'était Michel Legendre. Non, ce n'était pas son père, mais son oncle. Le frère de son père. Comme il était de la famille, il le voyait donc à Noël et dans des occasions spéciales EXTRA-scolaire. On l'avait même vu une fois, dans une voiture, ASSIS À SES CÔTÉS SUR LE BANC DU PASSAGER.

Legendre! PF! Avec le DIRECTEUR!

Il ne pouvait donc mathématiquement PAS être notre ami. Rien contre PF, c'était le plus gentil des bougres, mais on ne pouvait pas le mettre dans le secret des coups pendables que l'on mijotait ou des projets d'anarchie en mode de préparation, IL ÉTAIT COPAIN DE L'ENNEMI!!!

C'était une grenade à retardement.

Et comme j'étais toujours dans le bureau de son oncle...

Il y avait donc malaise entre nous. Je n'ai jamais complètement surmonté ce type de malaise.
Le malaise du "fils de..." ou de la "fille de...".

Je travaille en ce moment avec trois personnes du genre. Deux gars et une fille. Le premier a été engagé à l'entrepôt peu de temps après moi. L. est le moins pire des trois car c'est un pauvre bougre qui a tout contre lui. En commençant par une oreille qu'il s'est fait étirer par un itinérant lourdement intoxiqué que le lui aurait mordu dans un moment de folie (si ce qu'il dit est vrai). C'est le fils d'une femme qui travaille pour l'entrepôt depuis une dizaine d'année. Je ne sais pas quel âge a cette femme. Elle en paraît 125. Elle est minuscule, avec un corps d'enfant. Chaque fois que je la croise, je reste surpris de penser qu'un adulte ait pu désirer un tel corps. il y a presque quelque chose de malsain dans tout ça. Elle n'a pas de formes. Et elle fume tant, que même si on ne l'a jamais vu fumer, on entend la fumée dans sa voix quand elle parle.
Je ne sais pas si ça se dit avec respect, mais elle est franchement maganée. Elle travaille dans les bureaux de retours. L. travaille avec nous à déporter le matériel dans la nuit.

Il est épouvantable. Il ne travaille franchement pas bien. On le tolère parce que c'est le fils de madame, mais ailleurs, il serait limogé depuis longtemps. De plus, il nous entretient toujours des états de son divorce d'avec son ex, pensant peut-être que ça nous intéresse, et c'est parfois le cas, mais chaque fois il ne semble pas remarquer l'attention obscène accordée pour mieux se soulager de ne pas être pris dans le même type de mélasse amoureuse.

Son inaptitude à bien travailler a eu drôle d'effet...sur sa mère!

Personne ne la remarquait vraiment elle depuis 10 ans, son bureau est dans un coin moins fréquenté et comme je vous dis, elle est si frêle qu'elle passerait dans l'échancrure d'une porte. Mais depuis que son fils a été engagé, la direction remarque les plus vilains défauts du fils lui vient de la mère!

Mais comme la pauvre dame fait parti des meubles, on tolère les deux.
Qui sont plutôt misérables, chacun de leur façon.

Nos patrons sont italiens (bien sûr! le vieux port!) L'un d'eux a pris sa retraite il y a 6 mois. Mais il nous avait laissé ses deux neveux. Un gars et une fille. Z. travaille dans l'entretien et B. travaille...elle travaille partout car on ne sait tout juste pas quoi faire d'elle.

Z. est tolérable, mais on ne peut pas lui partager les récriminations qu'on aurait contre la compagnie, son oncle faisait parti de la bizz depuis longtemps et il pourrait tout lui rapporter qui lui, pourrait à son tour rapporter à Luigi, Michaelo, Sandy ou Joe.
Il essaie beaucoup de s'intégrer à nous, mais y arrive peu. Il travaille toujours quand on est en pause. Quand on lunch, il en profite pour passer le balai/la mope, la où nous étions. Il nous lance souvent des sujets qu'il tricote en tête depuis un bout de temps tout seul, mais comme on ne vit pas dans sa tête, ses sujets nous apparaissent toujours comme des cheveux sur une soupe.

"Hein?" dit celui qui transporte une caisse de whisky du bateau à l'entrepôt, section RS.
"Il l'ont retrouvé, mais ils ont rien solutionné encore" dit Z.
"De...de quoi tu parles, Z.?"
"Marc-André Simoneau...Son cadavre...sa mort n'est toujours pas expliquée"

Je ne savais pas du tout de quoi il parlait mais après explications, j'ai compris. On venait semble-t-il d'en parler à la radio, mais je n'écoutais pas, j'étais entre dehors et en dedans, et je bossais fort.

Z. se permet souvent de vacher sur le plancher car il sait que personne ne viendra le faire chier, c'est le neveu d'un ancien big boss.

B. est le clou dans le soulier.

J'en ai déjà parlé, il s'agit d'une ancienne mannequin. Elle n'est pas particulièrement belle, en fait peut-être oui, sur photo, elle est grande et élancée, mais elle est d'une telle stupidité abyssale qu'on arrive à ne lui trouver aucune beauté.

Elle incarne à elle seule TOUS les clichés que l'on peut prêter à une mannequin. Elle a toujours très peu à dire. Elle est sotte beyond imagination et sa voix est épouvantable. Sa voix trahit une stupidité plus large qu'originalement anticipée. Son rire, quotidienne morsure, est affreux. Elle es GNiaiseuse avec un GN majuscule.

On l'a fait commencer à un poste et on l'a mutée ailleurs parce qu'elle était trop nouille pour comprendre ce qu'elle faisait. On l'a "remuté" ailleurs parce qu'elle rendait les autres fous par son manque de jugement. Puis finalement on lui a confié cet été le rôle de...boss!

BOSS!!!!

C'est l'une de nos boss cet été quand les big shots sont en vacances, donc, tout le temps, puisqu'il y en a 5, et qu'il y en toujours un de parti pour 3 semaines, ça couvre pas mal tout l'été. Le malaise est absolu quand on entend que B. supervisera notre section aujourd'hui. Les regards s'échangent. On sourit malgré nous. On sait que la connerie sera au rendez-vous.

Ces temps-ci, ça va bien, car elle est elle-même ailleurs. Je ne sais pas si c'est en vacances ou en formation, mais elle a besoin de beaucoup BEAUCOUP d'encadrement. On ne la voit plus à l'entrepôt depuis deux trois semaines. Mais ça reste archi bête à la base de savoir que cette nouille a un poste de gestion plutôt important alors qu'elle peinerait à écrire mon nom de famille de 5 lettres sans faute.

Dans les trois cas on tolère le manque absolu de talent chez l'employé(e).

Et il y a toujours inconfort.
Parce qu'on n'y peut rien. C'est dans la famille des boss.
Le mal nécessaire.
Ma question reste toutefois, c'est nécessaire en quoi?

Je me sens encore comme ça, chaque fois que j'entends Marc Dupré à la radio.