dimanche 6 septembre 2015

La La La Human Steps (1980-2015)

Le monde de la danse est un univers de crève-faim. Bien que cet art puisse être remarquable parfois, si les artistes du monde du théâtre gagne peu, que les artistes du monde de la musique ne peuvent vivre que de leur art, ceux de la danse peinent aussi à vivre de leur métier.

Edouard Lock est diplômé en cinéam et Littérature de l'Université de Concordia quand il choisit de débuter sa carrière comme chorégraphe en 1974. Il a 20 ans. Pendant 5 ans, il créé des oeuvres  pour le Groupe Nouvelle Aire, les Grands Ballets Canadiens de Montréal, le Musée des Beaux-Arts de Montréal et le Musée d'Art Contemporain de Montréal.

Mais il a envie de plus. Il fonde la compagnie de danse Lock Danseurs.

Le style de danse évoque l'urbanité dans des mouvements saccadés et restreints dans l'espace.

En juin 1980, la troupe, rebaptisée La La La Human Steps, présente Lily Marlène dans la Jungle au théâtre l'Eskabel de St-Henri et l'impact est tel qu'ils sont aussi invités au très recherché The Kitchen à New York, pour présenter la même chose. Lock est chorégraphe, mais est aussi parmi les danseurs. Monique Giard, Louis Guillemette, Manon Levac, Miryam Moutillet sont les autres. Rober Racine signe la trame sonore.

Lors du second spectacle, Oranges, est introduite une exceptionnelle jeune danseuse de 26 ans: Louise Lecavalier. Avec elle, muse et complice, ce seront presque 18 ans de collaboration qui s'effectueront.

Pour se faire un peu de publicité, la troupe bloque la rue Ste-Catherine en 1983 à l'angle de Bleury et danse pour faire la promotion de leur prochain spectacle Businessman in the Process of Becoming an Angel. Le langage gestuel est entièrement nouveau et bouleverse peu à peu le milieu de la danse contemporaine.

C'est à partir de 1985 que La La La Human Steps fait sensation partout dans le monde. Avec Human Sex, la troupe trouve sa signature, Lock, mêlant énergie d'exécution, précision dans le geste et intégrant sport, rock et cinéma dans la danse.

La troupe se donnera en spectacle dans les grandes capitales d'Amérique, d'Europe et d'Asie à partir de maintenant.

Avec New Demons en 1987, Lock s'amuse avec le concept d'un corps en chute perpétuelle.  Sur grand écran derrière, un film nous montrant des corps en chute libre est projeté. Bernar Hébert les immortalisent une première fois sur pellicule film.

David Bowie est fasciné par ce qu'il découvre avec la troupe et les engage pour sa tournée internationale de 1990.

En 1988, Lock, très en demande, utilise le ballet classique pour la première fois dans le cadre d'un commande pour le Ballet National de Hollande.

Madonna crééra Vogue complètement inspirée de La La La Human Steps.

Dans Infante, C'est Destroy  en 1991, le travail cinématographique projeté en arrière scène (parfois devant) évolue vers un style plus symbolique. Les vrilles à l'horizontale de Louise Lecavalier font sensation et donne un côté nettement plus athlétique au style de danse de La La La Human Steps.

L'année suivante, c'est avec Frank Zappa que La La La Human Steps travaille.

En 1994, un film de Bernar Hébert rend hommage au dernier spectacle de La La La Human Steps en intégrant les artistes dans sa narration.

Avec 2 présenté en 1995, la troupe présente un nouveau spectacle intégrant toujours des rôles inversés où la danseuse soulève et fait tourner son partenaire masculin, où les corps androgynes pullulent, où l'on travaille sur des pointes et réalisent des pirouettes extrêmement rapides sous l'impulsion des danseurs  en empruntant au différents vocabulaires de la danse. C'est une langue dansée qui redéfinit le pas de deux. Le compositeur britannique Gavin Bryars compose la musique de ce spectacle.

En 1998, on présente Exaucé/Salt qui sera le dernier tour de piste de Louise Lecavalier avec La La La Human Steps. Le style étant si exigeant, Lecavalier a une importante opération à la hanche et doit modifier ses choix.

En 2002, sort le spectacle Amelia et deux ans plus tard, le film, tourné par Lock lui-même.

5 ans plus tard, Gavin Bryars revient à la trame sonore de Amjad. Les danseurs font des pointes, brisant à nouveau les règles non-écrites de la danse classique.

Finalement, en 2011, on présente New Work qui sera le chant du cygne de la troupe révolutionnaire.

Lock chorégraphie pour la Sao Paulo Companhia de Dança et pour le Cullbert Ballet en 2014.

Cette année le Museum Boijmans Van Beunigen de Rotterdam consacre une exposition sur l'univers de La La la Human Steps.

Mercredi dernier, Edouard Lock rend les armes et met la clé dans la porte, faute de moyens, malgré tous ses succès locaux et internationaux.

La troupe avait cette année 35 ans.

La La La Human Steps aura marqué son époque dans l'univers de la danse contemporaine en exigeant de ses danseurs une athléticité hors pair, un renouvellement constant et une audace de grand lyrisme. Le sens de la distorsion et du renouveau de la troupe aura forcé les spectateurs à réinventer et redécouvrir le corps et ses mouvements.












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