lundi 5 octobre 2015

Le Grossier Curé de l'Église du Mauvais Goût

Marcel Aubut et ma famille ont eu un proximité qui m'a donné la chance de déchiffrer le personnage de près.

Nous habitions le 902 Chemin St-Louis à Sillery. Les bureaux d'avocats Aubut Chabot étaient le terrain voisin sur ce même Chemin St-Louis. Coin Vauquelin et Chemin St-Louis. Enfant, on y roulait en vélo dans leur entrées circulaire les weekends. Nos sapins de fonds de terrains démarquaient le terrain des bureaux de chez Aubut & Chabot. On voyait donc régulièrement la face du propriétaires des Nordiques.

Puis, mes parents ont acheté un chalet autour d'un lac. Là où Marcel, plus tard (une fois les Nordiques vendus? je ne sais plus) s'achètera aussi un chalet. À 7 ou 8 chalets du nôtre, mais à l'eau, on se croiserait de temps à autre et mon père a navigué et souvent causé avec lui.

J'ai de plus deux jeunes soeurs bien sportives qui avaient alors tout juste 20 ans...enfin!

Quand les Nordiques se chercheront un nouveau directeur gérant en 1987, mon père était passé en entrevue auprès de Marcel et de son équipe pour obtenir le poste. Sans succès. Martin Madden sera le désolant choix à sa place et Québec passera 4 entraîneurs en deux ans et demi et finiront dernier de la division (et hors des séries) deux fois. Mon père prendra ces résultats comme une vengeance:

"Ils n'avaient qu'à me prendre!"

Mais je doute que mon père eût fait un meilleur travail. Voyez, mon père et Marcel Aubut ont une chose en commun: ils sont assez marginaux dans leurs approches. Laissons mon père de côté et concentrons nous sur Marcel.
Il a ce défaut de prononciation qui lui donne toujours cet air de débile léger qui m'a toujours fait honte. Je suis certain que dans la ligue, quand il prenait la parole, Québec ne paraissait pas nécessairement bien, et ce, même si ce qu'il disait pouvait être intelligent. Marcel n'a pas de manières aristocratiques. Il a tout du grossier personnage. À la radio, des humoristes bien informés (dont Alain Dumas), la caricaturaient en l'imitant, bégayant, tout en salivant, obsédé par les tartes aux pacanes. On le reconnaissait sans peine.

À chaque fois que Marcel racontait l'épopée de l'évasion des frères Stastny, Gilles Léger, son complice dans les désertions, se trouvait à vouloir diluer les propos dignes du dernier James Bond.

Marcel beurrait épais.

Enlevez le verbe dans la dernière phrase et vous trouverez l'impression que nous donnait à tous, l'individu.

Qui avait quand même fait beaucoup de bien aussi.

Il avait fait naître les Nordiques, MES Nordiques, dans la ligue nationale. Celui qu'on appelait "le kid de la grande-allée" habitait MA grande-allée, ma cour arrière! J'allais ramasser mes rondelles égarées sur leur terrain.

Mais toute la durée des Nordiques dans la Ligue Nationale, il donnait l'impression d'être légèrement attardé quand il choisissait de parler anglais. On ne pensait pas "soigné" et "articulé" en le voyant suer au micro. On pensait "porcin" et "rustre".

Mais il faisait bouger certaines choses. L'a fait encore dans son après-carrière sur le comité olympique et ailleurs chez Heenan Blaikie avec lesquels sa firme s'est associée l'an dernier.

Il ne faut pas s'étonner que Jean-Paul Lallier, maire de Québec lors du départ des Nordiques et plus raffiné, ait eu de la difficulté à s'entendre avec Marcel qui lui promettait que l'enflure des salaires allait cesser, le suppliant qu'il fallait un nouveau colisée. Lallier disait qu'il ne voulait pas payer  (et faire payer) pour une ligue qui ne contrôle pas ses moyens.

C'est Lallier qui avait raison.  

Il ne faut pas s'étonner non plus que dans le cadre du nouveau colisée, appelé le Centre Vidéotron, et le retour potentiel des Nordiques, qu'on le garde loin de la scène et des micros.

Là où on peut s'étonner, c'est dans le silence qu'on a tenté de garder autour des habitudes perverses et criminelles de celui qui, grisé par le pouvoir, a choisi de tendre des perches à des femmes qu'il a  gênées. humiliées, dégradées, piégées, chosifiées.

De savoir qu'on savait, mais qu'on a choisi de camoufler...c'est tenir la main du coupable.

On a fait comme dans les Églises avec les curés et les attouchements sexuels.

On a tenté de sauver la face de l'Église du grossier curé. depuis au moins 2011, mais maintenant, on ne peut plus retenir la bête, et je ne parle pas de Marcel, incontrôlable semble-t-il, mais comme morceau est craché et que le bât blesse, on fera saigner Marcel, mais le Comité Olympique Camoufleur ne ce fera pas taper sur les doigts.

Ça aussi c'est outrant.

La dernière carte dans le jeu de Marcel Aubut n'aura été qu'un deux de pique.


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