mardi 12 janvier 2016

Au Niveau de la Rue

"Tits out, pants down, overnight in London"
- Shaw/Haines

9 heures du matin.
Élodie se réveille.

Où se trouve-t-elle?
Dans la chambre d'un autre.

Le radio-réveil était trop tôt alarmé.
Elle regarde son voisin de lit, elle connait ses amis et lui aussi les siens.

Elle est presque nue.
Elle se rappelle, la nuit dernière, elle était chaude.

"Ne racontes rien sur moi, je ne dirai rien sur ton compte non plus" se rappelle-t-elle lui avoir dit la veille.

Elle le regarde roupiller.
Il était beau.
Il devait rêver.
Elle croyait le faire elle-même en ce moment.

Elle ne se doutait en rien de ce qui l'attendait la veille.
Il incarnait la peur, elle s'en moquait, elle était attirée.
Elle ne s'était jamais sentie aussi grisée.
Ce qu'il lui faisait s'allumer en elle, c'était un monde entier.
Elle prenait vie quand il commençait à lui parler.

Il lui faisait goûter quelque chose qu'elle ne pouvait comparer à rien d'autre.
Il lui faisait subir une fièvre dont elle ne voulait pas guérir.
Elle la laissait dicter le rythme, charmée par son aura.
Elle se sentait saoûle, sans même avoir prise une seule gorgée.
Elle ne buvait que ses mots, sortis de ses yeux magiques pour rejoindre ses yeux étoilées à elle.
Le vertige était si grand qu'elle en avait les idées brouillées.
Quand il l'a invité chez lui, elle pensait ne pas survivre à la soirée.
Et la voilà qu'elle se réveillait à ses côtés, encore la tête confuse.
Se rappelant que chaque pouce de sa peau à lui était un nouveau sentier à explorer pour elle.
Il lui mettait le coeur et le corps en feu, elle ne s'était jamais sentie aussi belle que lorsqu'il la regardait.

Commençait une aventure plus qu'extraordinaire pour Élodie.

Mais comment donner suite à une si parfaite nuit?

Le radio-réveil ne l'avait pas réveillé lui.
Morphée le tenait encore bien prisonnier.
C'est toutefois son coeur à elle qui se sentait captif.

Chaque seconde à ses côtés, dans ce lit, était une délicieuse torture.
Elle voulait le toucher à nouveau.
Sans l'éclairage tamisé du bar de la veille, sans la nuit noire et pleine de brouillard mental.
Elle voulait maintenant le voir éclairé du soleil de son coeur à elle.
Avec les étoiles de ses yeux.
Les rayons du désir lui brûlaient encore les cuisses.

Élodie avait envie de rire et pleurer en même temps.
Elle était presque nue.
Ramenée au niveau de la rue.
Au lit avec un presqu'inconnu.

Mais si heureuse.
Si bien.

Elle se glisse du matelas en douceur.
Retrouve son linge sur un des poteaux du lit.
Se défile sur la pointe des pieds,
sa robe de la veille maintenant enfilée.

Elle se croise elle-même dans le miroir.
Elle ne se reconnait pas, elle est soudainement si belle.

Elle marque une pause dans la porte de la chambre.
Regarde son Roméo couché sur le dos.
Lui envoie un baiser soufflé.

Regarde la photo de sa blonde et lui sur le mobilier.
Essaie de l'oublier.

Quitte l'endroit, les yeux mouillés.
Essaie de ne plus rien oublier de cette soirée.

Désires-moi encore pensait-elle.
Désires-moi comme je te désires.

Elle ne se sentait plus au niveau de la rue.
Elle se sentait naître.

Elle se sentait ivre.

Se sentait vivre.

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