lundi 25 janvier 2016

Scola, Ettore (1931-2016)

Né à Trevico, une petite commune de la province d'Avelilino en Campanie en Italie, très tôt le jeune Ettore sait qu'il veut vivre de l'écriture.

De 16 à 21 ans, il écrit pour des journaux humoristiques. Il créé des liens avec l'illustrateur et bientôt journaliste lui aussi Furio Scarpelli ainsi qu'avec Agenore Incrocci et Federico Fellini, journalistes eux-aussi. Ce sont Scarpelli et Incrocci, bientôt connus comme le tandem de scénaristes Age-Scapelli, qui lui dénichent quelques contrats d'écritures en parallèle pour l'immensément populaire acteur italien Totò. À 18 ans, Scola fait aussi de la radio. De la comédie surtout.

Il scénarisera au cinéma pour Mario Mattoli, Antonio Pietrangeli, Mauro Bolognini et Dino Risi avant d'avoir sa première chance en 1964 pour un film à sketch. Il tournera 6 films avant qu'au 8ème film, en 1974, déjà la troisième collaboration cinématographique avec le célèbre tandem comique Age-Scarpelli, il n'obtienne la reconnaissance internationale. Nous Nous Sommes Tant Aimés raconte l'Italie d'après-guerre et les fragiles liens d'amitiés entre trois hommes et une femme convaincus d'être en mesure de changer le monde. Le film rafle le César du meilleur film étranger ainsi que le prix d'or au Festival International de Moscou.

Deux ans plus tard, Affreux, Sales et Méchants, l'histoire d'une vingtaine de personnes, parents, enfants, leurs conjoints ou amants, petits-enfants, et la grand-mère, s'entassant dans un sordide taudis, vivant de larcins et de prostitution, sous l'autorité tyrannique du patriarche borgne, avare et brutal, remporte le prix de la mise en scène au Festival de Cannes.

L'année suivante il réalise une co-production avec le Canada mettant en vedette Sophia Loren et Marcello Mastroianni nous offrant une histoire d'amour en période fasciste entre deux êtres que tout semblent séparer. Le film gagne le César du meilleur film étranger, le ruban d'argent du meilleur scénario en Italie et le David di Donatello du meilleur réalisateur toujours en Italie.

Il tournera à partir de 1974, 40 films en autant d'années.

En 1980, retravaillant avec Age-Scarpelli au scénario de son film La Terrasse, ils raflent tous les trois le prix du meilleur scénario au Festival de Cannes ainsi que le même prix en Italie. Le film raconte la rencontre d'amis de longue date, appartenant au milieu de la gauche culturelle, se retrouvant pour une rituelle soirée-buffet sur la vaste terrasse romaine de l'un d'entre eux. La caméra se promène et surprend des conversations puis, suit un personnage dans sa vie, avant de revenir à la soirée et d'en suivre un autre. L'enthousiasme de la jeunesse laisse peu à peu place à l'amertume et aux constats d'échecs, autant professionnels que sentimentaux.

En 1981, l'histoire d'un militaire décidant de coucher sur  papier les souvenirs d'une période particulièrement douloureuse de sa vie caractérisée par l'amour de deux femmes que tout oppose racontée dans Passion d'Amour lui fait à nouveau gagner le Ruban d'Argent du meilleur scénario en Italie.

Il gagne le David Di Donnatello du meilleur scénario pour La Nuit de Varennes, film racontant la fuite et l'arrestation à Varennes du roi Louis XVI et de Marie-Antoinette en 1791.

Pour Le Bal en 1983, il tourne 112 minutes de film sans dialogues, entièrement musical et chorégraphié, racontant 50 ans de danse de salon en France, depuis les années 1930 : du Front populaire à la Guerre en passant par l'arrivée du jazz, du rock,  l'évènement de Mai 68 ainsi que le disco, les couples silencieux se faisant et se défaisant au gré de l'histoire et de la musique. Le film le place au sommet de son art gagnant les césars du meilleur film et du meilleur réalisateurs en France, l'Ours d'Argent du meilleur réalisateur en Allemagne et le prix du jury des lecteurs du Berliner Morgenpost,  et finalement le David Di Donatello du meilleur réalisateur et le prix Alitalia en Italie.

En 1987, il signe La Famiglia, deux mots si chers aux italiens, portrait d'une famille bourgeoise des années 30 aux années 80 qui est un peu le regard du réalisateur lui-même sur son pays et sur son époque. Ce sera son dernier grand élan inspiré. Il gagne les prix de réalisation et de scénarisation  deux fois en Italie cette année-là.

Il tounera encore jusqu'en 2003 avant d'annoncer en 2011 qu'il se retirait souhaitant ne pas faire le film de trop.  Il déclare alors sentir ne plus faire partie du monde du cinéma d'aujourd'hui puisque les logiques de production et de distribution dictées par le marché ne lui ressemblent plus.

Il aura voulu changer le monde mais c'est le monde qui l'aura changé.

Ses films en revanche, auront ressemblé à l'Italie de 1931 jusqu'au nouveau siècle.
Il nous as quitté mardi au noble âge de 84 ans.

Ciao Ettore!

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