dimanche 6 mars 2016

Les États-Unis de Jerry & Donald

Jerry Springer ne voterait pas facilement républicain. Il ne le ferait même probablement jamais. Dès ses 12 ans, il était émerveillé par JFK à la télé au point que jeune adulte, il serait "relationniste" pour son frère Bobby.

Je mets, relationniste entre guillemets parce que sa tâche était principalement de trouver des demoiselles pour honorer les nuits de Bobby K. et ses collègues, d'État en État.

Ça lui a tout de même donné la piqûre de la politique. À saveur démocrate. Il a vainement tenté de devenir ceci et cela à haut niveau politique. et ce, à plusieurs reprises, mais toujours sans succès. Il a, en revanche été maire de Cincinnati, et ce, à deux reprises entre 1971 et 1977. La première fois, jusqu'à ce qu'il se fasse coincer à se payer des putes et soit forcé de l'admettre et à démissionner. La seconde, quand, justement, sa franchise l'a ramené au pouvoir.

Quand Springer a fait de la radio, il est devenu un genre de héros local. Ses "pensées du soir" deviendront les pensées de fin d'émissions de son talk show futur.

Ce talk show télé justement, se voulait d'abord à saveur politique, avec des invités comme Jesse Jackson ou Oliver North et des sujets sérieux comme le contrôle des armes à feu ou les sans-abris. Toutefois la religion des cotes d'écoutes n'était pas contente. Il ne scorait pas fort. Trois ans après avoir tenu la barre d'une émission aux cotes d'écoutes faméliques, son producteur (et lui) ont choisi le piste des tabloïds sensationnalistes, avec un accent très fort sur les confrontations menant aux combats en direct.

Bingo!

Tel un accident duquel on serait incapable de détourner le regard, à la fois dégoûté et impressionné par le niveau de nivellement par le bas, les gens des États-Unis et d'ailleurs se sont mis à beaucoup aimer de 1994 à nos jours.

Jerry Springer et son show sont aux boissons bonne pour la santé, de la slush.
Sucré, toxique, vide de vitamines.

Dans le monde du talk show, ses cotes d'écoutes ont même battu celles d'Oprah pendant un temps. Le temps que les gens trouvent que tout cela fasse pitié, sois légèrement gênant, sinon très honteux.

Jerry Springer ne voterait jamais républicain. Il est démocrate dans le coeur depuis 1956. En revanche, son public, ses participants, peut-être...

Voilà des gens extrêmement vulnérables, attirés par les feux de la rampe, des gens qui n'ont probablement jamais eu accès à aucune scène, sur lesquelles n'a jamais été placée de lumière de quelconque manière dans la vie. Et qui choisissent comme tribune, une présence télévisuelle rémunérée, et une certaine publicité pauvre en idées, mais forte en gueule.

Il est plus facile de crier contre le monde que d'y tenir place.

Encore cette semaine, j'étais renversé par ces deux gars qui se criaient après parce que l'un avait couché avec la blonde de l'autre. Après quelques coups de poings, la blonde en question apparaît. Plus de cris encore. Nouvelles salves de coup de poing. Le cocu lui dit qu'il l'aime. Elle lui confirme qu'elle aussi. Qu'il est tout pour elle. Mais qu'elle a bien couché avec l'autre. Le cocu se met à genou,. lui sort une bague, la demande en mariage. Elle est coincée, elle ne veut pas dire oui. Il lui balance la bague à la figure. Nouvelle salve de coups de poings. Une autre fille sort de derrière le décor. Elle baise avec le cocu, ils n'ont donc plus besoin de se cacher...

Cirque.

J'ai tout regardé. Comme on regarde un accident. En disant à ma fille que c'était quand même le pire de l'Amérique.

Voilà pourquoi je pense que le public de Jerry voterait probablement républicain.
Pour Donald Trump.

Donald Trump c'est aussi de la slush. Un accident. Un furoncle sur ce qui peut être un beau visage.
Et ça doit le rester. On ne devrait pas récompenser la bêtise comme on le fait en ce moment. Je ne peux pas croire que les Républicains soit si putes.

Chris Christie appuie Trump, un ex-membre réputé du Ku-Klux-Klan l'appuie, Jean-Marie Le Pen l'appuie.
UN SEUL de ses appuis pourrait anéantir la carrière de quiconque en politique.
Pas Trump. Il trône au sommet. Les nuls sont nettement plus nombreux que les gens équilibrés.
L'ignorance est aussi grandissante de nos jours. Trump capitalise là-dessus.
Sur le désoeuvrement aussi. Et l'idée que ça prendrait autre chose que ce que l'on connait. De la politique sensationnaliste.

Il serait une voix pour tout ceux qui n'en aurait jamais eues. Mais il y a plus d'une raison pour lesquelles certaines voix devraient être tues.

Avant Springer, si on se battait en direct à la télé, ça faisait les manchettes pendant quelques jours, quelques mois. Encore maintenant, partout dans le monde, une bataille impromptue sur une scène entre deux personnes aux opinions différentes fera les manchettes et attirera une attention grossière.

Jerry l'offre tous les jours.
Donald offre de la grossièreté tous les jours.

Les États-Unis sont grossiers et de plus en fiers de l'être.
Obèses et graisseux.

Avant, être éduqué était un atout.
Aujourd'hui, être le plus ignorant possible semble être la qualité des "vrais gens".

Prêts à se battre sur scène tous les jours.

Là-dessus, Jerry et Donald se rapprochent l'un de l'autre.
Tout en éloignant leur peuple du bon sens.

Je ne dis pas que ces gens ne doivent pas exister. Je dis qu'il faut les regarder avec amusement et avec une certaine zoologie, mais il ne faut pas leur donner le volant, calisse!

On s'en va dans l'clos!

Donald a en sainte horreur l'expression "white trash". Il semble à la fois le représenter à merveille, mais l'attire aussi et le réinvente à sa manière.

On a tous raison d'avoir très peur en ce moment.

Bientôt, peut-être, de la slush comme président,



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