vendredi 22 avril 2016

Prince Rogers Nelson (1958-2016)

"Dearly beloved..."

Prince est né à Minneapolis au Minnesota d'un père pianiste et compositeur et d'une mère chanteuse de jazz. Son prénom est tiré du nom de band de son père Prince Rogers Trio. Toutefois enfant, on le surnomme, Skipper.

Vers 7 ans, Prince écrit sa première chanson "Funk Machine". Trois ans plus tard ses parents se séparent et il passe une adolescence tiraillé entre père, mère, beau-père et belle-mère. Il s'en confessera en partie dans son film Purple Rain. Il trouve foyer d'accueil chez des voisins, des Andersons, dont le fils, Andre, a sensiblement l'âge de Prince et s'en fait son meilleur ami. Andre deviendra bassiste. Prince à la guitare, au piano et au chant et Morris Day à la batterie, voilà: Grand Central, un premier band. Le band s'influence de Sly & The Family Stone, James Brown, Earth, Wind & Fire, Miles Davis, Jimi Hendrix, George Clinton, Parliament, Funkadelic, Santana et Todd Rundgren et se rebaptise Champagne. Dans le look de Prince, on y voit très certainement une influence de Little Richard.

Prince co-écrit professionnellement alors qu'il n'a que 16 ans. À 17, demo en poche, il réussit le tour de force de se faire signer par Warner Brothers. Un baptême professionnel un peu hâtif. Le jour de ses 20 ans, Prince lance son tout premier album où il y joue seul, de 27 instruments. Un an plus tard, il se fait remarquer pour le premier single tiré de son second album. Sur cet album, son ami Andre Anderson (Andre Cymone dans le domaine artistique) y joue.

Dès son troisième album, Prince enregistre de son studio personnel à la maison. Il gardera un contrôle jaloux de ses affaire toute sa vie. Les thèmes sexuels abondent dès son troisième disque, mais ce qui est une véritable richesse pour Prince, c'est aussi qu'il se découvre un talent pour écrire pour les autres. Il se rendra riche avec les droits d'auteurs très tôt. Ses trois premiers albums établissent des thématiques érotiques explicites qui ne le quitteront jamais. Controversy est son quatrième album en trois ans et Prince se déclare épanoui. Le violet étant prétendument la couleur de l'épanouissement absolu, il commence à le porter en presque permanence.

Le prochain album sera un album double, avec son band The Revolution et contiendra son plus gros hit jusqu'alors.

The Revolution sont Lisa Coleman & Doctor Fink aux piano/synthétiseurs, Bobby Z. à la batterie (généralement électrique), Brown Mark à la basse et Dez Dickerson à la guitare. Jill Jones est choriste. Dickerson quitte pour des convictions religieuses et sera remplacé par une amie d'enfance de Lisa Coleman, Wendy Melvoin.

1983 est une année charnière pour Prince. Il cimente son band et compose un album culte tout en en écrivant le film, dans lequel il joue avec ses amis. When Doves Cry, Purple Rain, Let's Go Crazy, trois titres qui marqueront les années 80. 1984, il côtoie Micheal Jackson dans les goûts populaires. Avec ce seul album, il se place dans l'histoire du pop.

Prince multiplie les projets pour les autres.

Les propos de Prince sur disque sont jugés si sexuellement directs qu'ils donnent naissance au collant "avertissement aux parents: contenu explicite" sur les pochettes.

Maintenant riche, il se bâtit un manoir qui sera aussi un studio personnel et une étiquette de disque: Paisley Park. Prince agit déjà en dilletante et lance un album double sans publicité et sans single car il veut que le public découvre l'album comme une entité entière. On finit par céder sur un single.

En 1986, Prince s'aventure encore en film, mais cette fois il réalise aussi le film qui sera une catastrophe. La trame sonore fait toutefois effet. Principalement pour une seule chanson. Prince avait d'abord écrit Kiss pour le band funk Mazarati qui l'a fortement retravaillée pour lui donner la forme finale. Prince l'a tant aimée qu'il l'a réclamée pour lui-même. Le hit sera immense. Son plus gros. Ce sera le dernier album avec The Revolution.

Les Bangles rendent Prince plus riche la même année.

Wendy & Lisa sont toujours complices de Prince mais sous le nom de Camille, puis, Wendy & Lisa... Prince, en feu, veut sortir un triple album, mais on le force à en faire un album double. Sheila E. , un projet signé Prince, s'installe aux percussions. Avec U Got The Look, chanté en duo avec la très hot Sheena Easton, Prince goûte à son dernier succès populaire.

L'album suivant est son moins vendeur depuis 1982. Avant l'enregistrement de celui-ci, Prince avait enregistré The Black Album où il expérimentait avec le hip hop et rap, mais il se fait peur lui-même, se convint que cet album est le mal incarné et devient hanté par des élans spirituels.

Prince perd beaucoup d'argent en tournée. Il écrit pour Madonna, joue de la guitare pour elle sur trois autres morceaux. Il signe un morceau imbuvable pour le film Batman. Prince ne se dompte pas et signe et réalise un autre film qui sera un bide. Il s'agit d'une suite de Purple Rain. La trame sonore sera aussi sans effet particulier.

Son album suivant mettra en vedette son nouveau band The New Power Generation. Voulant briser ses liens avec Warner Brothers avec lesquels il ne s'entend plus. il devient un symbole imprononçable. Ou The Artist Formerly Known As Prince (TAFKAP).

TAFKAP lance un dernier album avec The New Power Generation. Une catastrophe commerciale. Heureusement, un morceau signée de sa main et repris par Sinead O'Connor le garde au goût du jour

The Black Album est finalement lancé, mais en copie limitée. L'album suivant sera son pire vendeur à vie. 1994 lui est pénible Paisley Park Records ferment les livres.

Largement irrité par youtube qui est tout à fait en mesure de filtrer la porno ou l'immoralisme, mais incapable de filtrer les droits d'auteurs de ses morceaux, il mènera un lutte féroce contre la diffusion de tout son matériel, pratiquement introuvable sur les chaînes de vidéos populaires (comme Bob Dylan et Arthur H).

Dans les 20 années qui suivront, Prince enregistre et lance pas moins de 23 albums qui ont peu d'échos pour la plupart, sinon chez les fans purs et durs.

À partir de 1996, il coupe ses liens avec Warner Brothers et distribue alternativement. En 2000, il laisse tomber le symbole et redevient Prince.

Petit de taille, il aura été énorme avec ses 100 millions d'albums vendus dans le monde, ses 7 Grammys, son Golden Globe, son Oscar de la meilleure chanson de film et son empreinte sur les années 80, le funk, le soul, la pop, le rock, du Minnesota à travers la planète.

Il y a un mois, jour pour jour hier, il était au Théâtre Maisonneuve à Montréal en spectacle.

Hier aussi, on le retrouve mort dans un ascenceur de Paisley Park.
Les opiacés ne seraient pas étrangers à sa mort.

Nous connaissons le bruit des colombes quand elles pleurent grâce à lui.

Bonne nuit, Purple Prince

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