mardi 19 avril 2016

Un Monde de Demies-Vérités

Je vous parlais de l'intolérance des autres hier.

Je vais vous parler d'un peu des miennes aujourd'hui.

Je peine, en vieillissant, a tolérer les demies-vérités. Les semblants. Les petits caractères au bas des contrats. La bullshit.

Des fois dans des choses toute simple.

Comme le titre de ce blogue l'indique, je suis prédisposé à ne pas mordre aux slogans creux qui nous feraient plier à l'autel du Dieu Capitaliss. 

Plus jeune, je ne comprenais jamais pourquoi on indiquait des prix sur des affiches ou ailleurs et qu'une fois à la caisse, on vous ajoutait sournoisement des taxes. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi on affichait tout simplement pas le prix entier (taxes incluses) que le client allait payer. 5,33$ alors voilà, 5 dollars 33 sous pour mon repas sur le pouce. Chaque fois que quelqu'un arrivait à la caisse et disait "Oh non, ben j'en aurai pas assez finalement" je pensais "Ben si le prix entier avait aussi été indiqué...". Nous nous sommes comme habitué à cette construction mentale qui veuille que seul le prix du commerçant soit affiché et que ce qui vienne du gouvernement soit toujours caché et calculable plus tard.

Chaque endroit (rare) que j'ai fréquenté, où le prix comprenant les taxes était affiché me faisait croire que c'était le bon Dieu qui me récompensait d'une journée de sainte loyauté franche dans un monde de mensonges.

Puisque je discute taxes, il faudrait vraiment arrêter, mais VRAIMENT arrêter d'utiliser l'argument de "ici on paye pas cher.,." et le remplacer mentalement par "ici, on est double taxé" ce qui annule le premier argument.

Depuis quelques temps, j'accroche sur certaines bullshit qui me donnent de l'urticaire.

Le disque d'or entre autre chose. Pourquoi jouons nous encore le jeu de la remise du disque d'or? Cette pratique n'a aucune ostie de valeur sur terre. Une famélique valeur publicitaire tout au plus. Quand un disque vend plus de 100 000 copies, on lui certifie un disque d'or. Le réflexe naturel du citoyen moyen est de comprendre alors, que l'artiste aurait vendu 100 000 copies ou plus de son dernier album. Que 100 000 fans ou plus l'ont dans leur salon et l'écoutent dans leur voiture. Ce qui est presque tout le temps faux. À 99% je dirais. Les 100 000 copies vendues le sont aux magasins. Il existe une politique de retours des invendus dans les magasins. Oui, l'artiste et son équipe toucheront forcément une petite part pour l'avoir vendue aux magasins, oui, certains ont bien vendus 100 000 copies et plus à des fans ou le feront sur une période de quelques semaines, quelques mois, quelques années. mais un disque d'or, de La Voix, disons, remis dans la demie-heure du lancement du disque, c'est de la connerie. Florence K,. disque d'or? PFF! allez voir combien il en peuple en ce moment dans les magasins. Ils sont tous là!

Le disque est tiré d'une émission de Québécor, enregistré dans des studios de musique de Québécor, sur une étiquette de disque de Québécor, l'album est lancé et publicisé dans des magazines de Québécor, et on le vendra dans des magasins de culture appartenant à Québécor.. Il sera aussi remis sur les ondes d'une station télé de Québécor. On en fait "la surprise" en direct à la télé. on remet l'album à des gens qui n'en toucheront pas grand chose (les artistes eux-mêmes), tout le monde s'excite, fait le surpris, interprète une joie creuse et absurde et parfois je pense même que l'artiste lui-même s'imagine qu'il est sur scène devant 100 000 fans en liesse.

Ça peut durer pendant 7 à 8 minutes de vide où une animatrice en botox remet le disque, l'artiste est estomaqué, les cochons se roulent dans la bouette de joie incomprise, mais surtout incompréhensible. On immortalise même ce moment plastique en photos le plus rapidement possible, Pour pouvoir le publiciser dans le journal du lendemain, propriété de Québécor.

Über bullshit.

C'est une comédie de mauvais goût qu'on étire inutilement. Valeur zéro. C'est du ventriloquisme radiophonique. I-N-U-T-I-L-E.

C'est aussi dommage parce que certains en vendront 100 000 dans les foyers pour vrai. Mais ça se perdra dans la bouette.

En magasinant du détergent à linge, je ruminais le "comment peuvent-ils savoir si je ferai 81 ou 122 brassées avec leur détergent? Ils ne savent pas combien j'en mets dans la machine, chaque fois, alors pourquoi perdent-ils leur temps à faire écrire sur la bouteille le "Lave 81 brassées!" ?" quand j'ai appris que la fraudeuse Carole Morinville irait en prison.

C'était attendu. La conseillère financière a floué une soixantaine de petits investisseurs, dont l'actrice Karine Vanasse, pour 3,7 millions dans un stratagème à la Ponzi. La trahison a été immense parce qu'elle a trahi des proches pour se faire les poches. Elle a mené une vie de star avec des sommes volées à autrui. Toujours dans le déni, elle a promis de toute rembourser, ce qui lui sera impossible et elle a écopé de ce qui était attendu, une peine de prison.

On a annoncé 42 mois de prison. Partout.
Partout.
PARTOUT.

J'ai attendu quelques jours et AUCUN média n'a soulevé qu'elle ne fera fort probablement qu'un an et deux mois au cachot.

Au (petit) Québec, on ne sert que le tier de sa peine pour des crimes de ce genre. La traduction du 42 mois lu partout, c'est 14. Si elle se comporte bien, ce qui est généralement le cas. on cesse la loger et de la nourrir aux frais d'un État trop pauvre et on la remet à la société qu'elle a tant aimer flouer.

Alors pourquoi ne pas dire la vraies choses tout de suite?
Carole Morinville reviendra vous hanter dans un an et deux mois.

Nous vivons dans un monde où on filtre le vrai.
Toujours de plus en plus.

C'est un monde où notre conception d'un premier Ministre c'est celle de celui qui serait capable de se prendre en selfie et de mettre en scène des images télés vides en lançant des phrases que l'on trouvera "cute" ou "pleine d'esprit".

Les gens qui s'en gargarisent en ce moment méritent de s'en étouffer.

Tout ça pour dire que lorsque je suis sorti pour faire mon jogging et que j'ai croisé un pur inconnu dans mon entrée qui m'a appelé par mon nom et qui était identifié à un fournisseur de services concurrent au mien, je n'ai pas été par quatre chemins en lui coupant souverainement la parole. Je lui ai dit de ne plus jamais perdre son temps ainsi.

Avec moi c'est toujours aucun achat requis.
Et de plus en plus, bullshit no more.

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