mardi 17 mai 2016

Filmer la Femme des États-Unis et la Déservir

On a beau essayer de se convaincre que le statut de la femme des États-Unis à beaucoup progressé au cours des années. le cinéma, hollywoodien j'entends, ne nous le montre pas beaucoup. La population des États-Unis non plus.

Une suite (puisqu'on ne fait plus que ça au cinéma) de Ghostbusters est en voie d'atterrir dans les salles, et cette fois les 4 chasseurs de fantômes seront des chasseuses. Il fallait voir les commentaires des internautes sur la bande annonce avant que Sony ne soit forcée de les censurer gérer. La misogynie avait une tribune large.

Derrière certains films dit "de filles", se cache des films qui, au contraire, font bien mal paraître les filles. Ce n'est pas exclusif au genre sexuel, je dirais même que du côté des hommes, la plupart des films les font paraître pour d'absolus crétins. Dans les publicités, c'est peine perdue. L'homme sera toujours un gaga de voiture, une boule d'immaturité, un raté sympathique. Mais les femmes sont si variées sur terre, pourquoi en faire des insultes intellectuelles?

L'éventail de possibilités de tracer des portraits de femmes intéressantes est si large, qu'il devient toujours étonnant de voir que les scénaristes ne soient pas plus éclairés, voire respectueux, de ce que peuvent dévoiler la femme sur grand écran.

Voici 5 films étatsuniens qui ont eu de très grand succès populaires, mais que lorsqu'on s'y penche, sont fâcheusement gênants de ce qu'ils dévoilent de la femme des États-Unis.

What Women Want. 2000. Scénaristes: 1 homme et 2 femmes. Réalisation: une femme.
Ça aurait pu sembler un documentaire. Mel Gibson y est alcoolique, féru de cigare, fielleux divorcé misogyne, toujours prêt à se la jouer Marcel Aubut au bureau, et émotivement instable. Après une électrocution, le personnage de Mel se rend compte qu'il est maintenant en mesure de lire dans les pensées des dames. Bien entendu, il compte tirer tous les avantages possible de ce nouveau don.

Comment est-ce insultant pour les femmes?:
Selon la comédie, les femmes sont :
a)Sans esprit, creuses, et d'un vide mental profond. Pleines de pensées sotte comme "Ai-je laissé la cafetière allumée avant de partir?".
b) Obsédées, positivement ou négativement, par le cul de Mel Gibson, son attitude désolante et son pubis imaginé. C'est comme un cauchemar juif qui se répète dans la tête de toute les femmes de ce film de Nancy Meyers. Helen Hunt se distingue de toutes les femmes du film en ne craquant pas pour Mel tout de suite. Mais elle finira pas tomber pareil pour le gars fier de parler de sugar tits. Quand elle découvre qu'il était en mesure de lire dans ses pensées, elle réagit comme toute femme l'aurait fait, elle est encore plus en amour avec le gigon et fond dans ses bras comme du beurre dans la poële.

Ramassez votre vomi maintenant. C'est pas propre sur le bureau.

En 2000, Helen Hunt gagnait l'Oscar de la meilleure actrice et était d'absolument TOUS les films. Mais de mauvais script du genre, déshonorant la femme et l'actrice, ont assassiné sa carrière aussi vite qu'elle avait été propulsée dans les étoiles.

Because I Said So. 2007.  Scénaristes: 2 femmes. Réalisation: 1 homme.
Diane Keaton joue le rôle d'une mère de trois grandes filles accomplies qui ont plutôt réussi dans la vie. Mais la petite dernière, incarnée par Mandy Moore, n'a pas de pénis dans sa vie. Elle prend donc la responsabilité de lui trouver du pénis. D'Harvey Specter dans Suits à William dans Reign. Ce faisant, elle trouve, elle-même, un pénis pour elle.

Comment est-ce insultant pour les femmes?:
Diane Keaton est une stridente bête qui a le nez partout, surtout où elle n'est pas le bienvenue. Le pénis qu'elle trouvera pour elle-même est le gars le plus cool, relax et terre-à-terre possible. Elle se comporte de manière ridicule avec lui pour des fins de comédies, mais se pense tout de même au dessus de la mêlée quand vient le temps de juger de la relation des autres.
Mais ce qui est affreux comme mode de pensée dès le départ, c'est de penser que malgré tout ce qui réussit à la belle Mandy, elle a ABSOLUMENT besoin d'un homme. Ce n'était pas 1961, mais bien 2007. Si Mandy a besoin de pénis, elle s'en trouvera, maman. Et si elle a besoin de plus, elle le trouvera aussi. Être célibataire chez les femmes peut être gage de liberté.

Memoirs of a Geisha. 2005. Scénariste: 1 femme, tiré du livre d'un homme. Réalisation: 1 homme.
Une jeune fille vendue pas sa famille en bas âge au Japon, apprend le rôle de geisha afin de reconquérir le coeur de celui qui lui avait offert un cornet de crème glacée quand elle avait 10 ans.
Ce n'est pas à nous de juger de l'ambition de devenir l'objet du désir de tous les hommes. Si vous aviez ses yeux bleus, si vous aviez survécu à la Seconde Grande Guerre, si vous aviez à affronter la cruauté de vos employeurs forcés, vous auriez peut-être des objectifs du genre aussi. Et comme ces prostituées de luxe sont en mesure de chanter et de danser, en plus de tenir une conversation, ce ne sont pas des escortes comme les autres.

Comment est-ce insultant pour les femmes?:
TOUTES les femmes de ce film sont à une épaisseur de kimono, l'une envers l'autre, de planter leurs griffes dans la chair de leur rivale. Car il n'existe aucune amitié entre femmes, simplement des rivalités selon ce film. Soumission à l'Homme, et bataille entre poules pour avoir le luxe de se soumettre à souhait. Le danger n'est jamais mâle, toujours femelle dans le film. Choix linéaire, arbitraire et sans nuances.

The Women. 2008. Scénaristes: 4 femmes tiré de la pièce de l'une d'elle. Réalisation: 1 femme.
Déjà le titre en promet large: voici: LES FEMMES. Une très lionne et un peu canard (de la lèvre) Meg Ryan découvre que son mari a une affaire avec une très hot Eva Mendès. Elle le met à la porte et part en quête personnelle d'elle-même. Nommez 5 clichés holywoodiens et maintenant regardez l'affiche: L'insolente et verbeuse amie noire. la lunaire, mais amusante fille terre-à-terre rousse, la femme de carrière qui ne sera jamais mère, le stéréotype ethnique sexy et la lionne/canard éplorée que l'on appellerait parfois aussi America's sweeheart. Tout est en place pour la caricature, non?

Comment est-ce insultant pour les femmes?:
Malgré une équipe entièrement composée de femmes, devant et derrière la caméra, les femmes à l'image ne sont qu'existantes et pleinement accomplies qu'entre les mains de leurs invisibles marionnetistes masculins. La femme de carrière est à la merci de son brutal patron au bureau, la terre-à-terre est enceinte pour la 5ème fois parce qu'une famille sans garçon n'en serait supposément pas une, le lion/canard/american sweetheart ne travaillerait pas si papa ne l'avait pas employée et elle dépend de son ex, millionnaire, pour payer sa bonne et sa gardienne. Ce type de réalité échappe à l'amie noire simplement parce qu'elle est lesbienne. Celle qui semble s'en tirer le mieux, c'est la maîtresse, la très-intéressée-par-le-portefeuille-de-monsieur, maîtresse.
 Le personnage de Meg Ryan semble plus offusquée que son ex l'ait trompée avec une vulgaire caissière qu'il ne l'ait trompée tout court. Dé-gra-dant.

How To Lose a Guy In 10 Days. 2003. Scénaristes: 1 femme et 2 hommes, tiré du livre de 2 femmes. Réalisation: 1 homme.
Prisonnière de comédie romantiques poches pour crime contre l'humanité, Kate Hudson incarne une journaliste de style chroniqueuse sociale chez Cosmopolitan, ayant perdu la foi en l'amour. Matthew McConaughey joue pour sa part un publicitaire convaincu qu'il peut faire craquer quiconque. Ses co-travailleurs lui choisissent la chroniqueuse. Celle-ci prend 10 bons jours de faux concubinages avec lui afin de prouver son point, qu'une fille peut tomber sur les nerfs d'un garçon en 10 jours en "faisant la fille".

Comment est-ce insultant pour les femmes?:
Comment croyez vous que ça se termine? Poser la question c'est y répondre. Les femmes ne choisissent pas. Elles sont choisies.
Et faire la fille comme la fait Kate Hudson là-dedans...insultant pour tous les sexes.

Pretty Woman. 1990. Scénariste: 1 homme. Réalisation : 1 homme.
J'étais, à 18 ans, flabbergasté de voir le succès qu'avait eu ce film auprès de femmes. Voilà probablement le film le plus insultant pour leur sexe ever! Julia est la prostituée choisie par le millionnaire Richard Gere. Charmée par la grande fille, il lui demande de rester une grosse semaine en sa compagnie à l'hôtel. Ce qui est juste assez long pour qu'elle ne passe pas pour la pute qu'elle est, qu'elle survive à une micro-agression du rival d'affaires de Gere avant que ce dernier ne tombe en amour avec la prostituée. Pute ou non, mesdames, croyez en vous!

Comment est-ce insultant pour les femmes?:
La valeur du personnage de Julia Roberts est 100% placée dans ses vêtements. Pas l'amour de l'homme, pas un sens de la dignité recalibré, pas même l'habileté à changer de classe sociale. Des vêtements chics de grands designer suffisent à Roberts pour sortir de la rue et entrer à l'opéra. Elle entre dans une boutique pute, sans manière, mâchant la gomme baloune et transpirant la vulgarité et en resort tel un cygne, au pas gracieux, toute souriante et pétant des fleurs. Merci à la carte de crédit de Richie rich, Miss Roberts peut enfin obtenir le respect et l'admiration qu'elle mérite depuis toujours. Elle ne sera pas la seule à berner le monde entier avec des morceaux de vêtements (ou leur absence).

La femme ne susciteront de l'admiration que par la décoration.
Et n'auront droit au respect que si son mec le lui permet.

Mentions honorables à: Fifty Shades of Grey, Showgirls, Striptease, Disclosure.

Attendez, si je faisais le même exercice sur les stéréotypes masculins, ce serait probablement pire.

Je vous le promets pour une autre fois.

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