mardi 21 juin 2016

Survivre Aux Zombies

J'étais dans la douche quand soudain j'ai eu un déjà vu. J'avais déjà vécu cette scène auparavant. Moi, en train de me shampouiner la tête et le corps. J'en suis sorti très vite, un peu apeuré.

Commencer avec un déjà vu. ce ne serait pas une journée comme les autres.

En rentrant à l'entrepôt une collègue m'a dit si spontanément qu'elle en a rougi tout de suite après:
"Wow! Hunter, t'es ben beau aujourd'hui, je ne t'ai presque pas reconnu!"

Pas de nouvelle coupe de cheveux, ni de rasage de près. pas plus de beaux vêtements, en fait absolument rien de changé depuis la veille où je l'avais vue aussi et vice-versa. Donc elle me faisait un compliment doublé d'une insulte dans le même souffle. Une autre de mes collègues, plus nouvelles celle-là, qui me connait peu et que je connais peu, et qui était à ses côtés à dit:

"Hunter?...Jones, c'est toi Hunter Jones? on te reconnais pas sur ta photo de Facebook. C'est vrai que t'as pas l'air d'un 200 likes en personne"

Je n'ai rien compris.  Aucune idée si c'était un compliment ou non. Je ne comprend plus rien de ce monde.

J'avais brûlé 1000 calories la veille au soir en oubliant la pizza au four, j'étais donc en relative forme. De bel humeur. J'ai croisé Victor & Luis qui ont en commun deux houleuses séparations qui se passent en cours. Chaque matin, ils échangent l'un et l'autre sur la cause de l'autre. Le premier est accusé par la mère de son enfant de nettement trop d'agressivité. Et sans connaître les détails de leur cause, je tends à donner raison à cette femme. Victor est le seul employé à crier après les autres, à exploser de rage ici et là, à agresser verbalement un nouveau et à péter un plomb sans avertir.  Il aime probablement aussi les romantiques marches jusqu'au bar. Il fait plus de 6 pieds 4 et doit peser plus de 250 livres. Il parle toujours trop fort et pratiquement toujours sous le ton de l'intimidation. On ne sait jamais si il s'amuse vraiment. Et il sacre nettement inutilement tout le temps pour faire un effet qui n'est jamais à son avantage.
Luis est plus sympathique. Latin, il fait toujours de gros efforts pour parler français ou anglais aux employés. Il s'est fait jouer par une jolie fille assez portée sur la drogue. Il veut la garde de la petite fille qu'ils ont eu ensemble, mais sa droguée lui tend toute sorte de pièges un peu partout. La police est régulièrement en visite chez elle et le tout semble se diriger à l'avantage de Luis, mais comme n'importe quelle version adulte de "j'vais le dire à maman",  ça traine en longueur en cours.

Les deux se parlaient en anglais car Victor est italien. (...)

Pour les faire détendre de leur discussion tendue, en passant près d'eux je leur ai lancé une blague dure à traduire, j'avais mon téléphone en main:

"Hi guys, you know what turns me on? Unprotected wifi". Ils ont explosé de rire. Mission accomplie.
J'étais de bel humeur je vous dis.

Il y a deux types de gens sur cette terre selon mes analyses: Ceux qui ont un rêve et ceux qui le visent. J'en ai trouvé une troisième: Ceux qui s'en câlisse. Ce matin là, croisant plusieurs zombies au travail, plusieurs se qualifiaient facilement dans cette catégorie.

Le 16 juin 2016 a commencé plus tôt que prévu.

J'avais belle humeur, je chantais Kathleen dans ma tête tout en lui caressant les cuisses. C'était la joie des sapins quand Noël bat son plein. Mais je n'ai croisé que des airs de zombies.

Et en y regardant de plus près, je constatai que ce n'était pas seulement des airs, mais de réels zombies! Aussi vrai qu'un croche au parti Libéral!

Pour les écarter de mon chemin je disais des choses horribles à entendre comme "Julie Snyder en anglais,  IceJJfish". Ça fonctionnait. Les zombies erraient ailleurs. Ils ont donc des oreilles et peuvent être dégoûté.

Je n'étais pas confortable auprès de certains d'entre eux. Marlène, qui nous avait confessé se faire plaisir la nuit avec un crayon très large, se promenait, dans l'état de zombie, avec un crayon en main. Avais-je peur de la texture du crayon ou du poignard qu'elle pouvait improviser en faire? J'ai changé de palier avant de choisir une option.

Dans l'allée du fond de l'entrepôt, je me suis blotti et j'ai travaillé en silence. Sans Kathleen dans ma tête. Sans ma main sur ses cuisses. J'étais en alerte. Éveillé. Sur mes gardes. Un chat prêt à toute éventualité

Et l'éventualité s'éventualita.

Ce que je croyais être un moton de vidange s'anima. Brian, en Zombie, qui se levait du coin du mur, et qui menaçait de me manger.

Mon entrepôt était devenu Walking Dead.

Il a saisi ma jambe mais je lui ai crié que je n'étais pas gay. Il a sursauté, je l'ai chatouillé, il a ri comme un idiot. C'est franchement laid un zombie qui rit. Je lui ai ensuite donné un solide coup de pied au visage, le knockoutant sur le coup.

"Bad Brain, Brian" que je lui ai dit.

Marlène est apparue par derrière et a tenté de me poignarder avec son crayon. Les zombies dans Walking Dead ne tentent jamais autre chose que de manger. Était-elle un vrai zombie? La télévision n'était donc pas la vraie vie?

Comme elle était tombée au sol je me suis assis sur son dos et lui ai cassé le cou par derrière.

Pas la matinée que j'imaginais.

Je devais quitter cet endroit pour me rebrancher sur le fil du bonheur, fil si ténu, sur lequel je funambulais en entrant au travail.

J'ai traversé le Vieux-Port à la vitesse grand V et me suis retrouvé dans ma banlieue.

Ma banlieue morte.

On sonna à ma porte et quand je répondis, il n'y avait personne.

Morte, je vous dis.

Mais dans la rue, tous ses marcheurs...

Je ne vous likerai pas d'aucune manière.

Je vous prépare la guerre...


Aucun commentaire: