mercredi 13 juillet 2016

Imposteur Démissionnaire

Je le suis.

Je me dois de l'admettre.

À peu près partout.
Mentalement principalement.
Et pas toujours avec la plus grande maturité, j'ai abandonné.

Rendu les armes.
Baissé les bras.

Presque tout le temps parce que le sentiment d'être un imposteur devenait étouffant.

Encore cette semaine, lundi matin, j'offrais ma démission à mes employeurs de l'entrepôt. Ils l'ont reçue avec stupéfaction et déception. Mais si je leur nommais. moi.  toutes mes déceptions à moi, on en parlerait encore aujourd'hui à 15h29.

J'ai rempli les papiers, ils ont compris ma décision, l'ont acceptée. Je leur ai fait la promesse que je servirais mes deux dernières semaines et ils m'ont fait la promesse qu'ils ne me feraient aucune référence.

Non c'est pas vrai. Ils n'ont pas fait cette promesse, mais on m'a confirmé que mes patrons ne faisaient jamais de références à quiconque. Ils se contentent de confirmer qu'on a bien travaillé pour eux et pour combien de temps et c'est tout. Ce qui confirme que vous n'avez aucune valeur humaine pour eux.

Ce ne fût pas facile de faire ce que j'ai fait. La seule autre fois que j'ai démissionné face à un employeur qui me voulait, je l'avais fait de manière tout à fait spontanée. En pleine rencontre avec ma relativement nouvelle boss, alors que j'étais directeur du Service à la Clientèle pour un réseau télé, un titre ronflant pour être le principal répondant au téléphone du S.A.C. et chef de trois autres employés; alors que ma supérieure m'évaluait et concluait qu'elle me ferait suivre des sessions de formations pour faire de moi MONSIEUR service à la clientèle, qu'elle me disait  "on fera ci et on fera ça" et que plus elle me parlait, moins je me voyais dans ce rôle, je l'ai freinée en disant quelque chose comme:
"...oui, mais non, faudrait pas...faudrait pas que ce soit moi, ce gars-là, c'est pas moi..."

Elle m'avait répondu:
"...qu'est-ce que tu es en train de me dire, Hunter?"

"Que je ne suis pas l'homme de la situation. Que je vous remets ma démission"

Ce qui était vrai. J'étais entré dans cette entreprise avec en tête un autre rôle, et comme partout dans ma vie, et depuis toujours, trouvant ma gueule, ma voix, mon vocabulaire sympathiques, on m'avait redirigé vers le service à la clientèle. Que j'ai toujours eu en horreur. Roi et maître du service à la clientèle.

Imposteur.

Ma patronne avait refusé ma démission, mon fils avait alors 6 mois, et elle avait préféré suggérer que je suive "un cours de replacement", comme si on m'avait limogé. Ainsi, on me paierait toujours pendant un bout de temps. Mais je n'étais allé qu'à un seul de ces cours de replacement. J'y étais avec de vrais limogés à qui on disait "vous n'avez pas choisi d'être ici!" ce à quoi je répondais mentalement "moi, oui". Et tout le monde semblait déprimé, alors que moi je me sentais libre.

Imposteur, again.

J'étais alors retourné vers mes amours, vers moi, dans le monde du livre, de la musique et du cinéma.
Loin des clients.

Au sous-sol.
Le bonheur à bien y penser.
Peu payant, mais vous savez moi l'argent...

La santé mentale d'abord.
Puis j'avais quitté pour plus de cash...erreur.
Mais revenons à ma démission impulsive.

Une de mes employées, que j'avais engagé à cette station télé, en constatant que sa naissance était en 1980, année de ma première collection complète de cartes de la LNH, ce qui faisait de moi un homme vieux, est aujourd'hui devenue une machine.

Cette démission, la seule vraie envoyée à un employeur qui ne s'y attendait pas, avait été spontanée, presque impulsive. Mais je ne l'ai jamais regrettée.

Ma démission de lundi, j'ai eu le temps de la réfléchir longuement. Ce qui ne m'a pas donné de conclusions claires pour autant. Mais j'ai l'imagination trop inspirée pour ce type de chose et je me suis imaginé des dizaines de scénario de réception de ma démission. Dont celle de la réaction frustrée qui me demanderait de clairer les lieux le plus rapidement possible sur le champs. J'ai mal dormi les deux dernières nuits parce que j'y pensais trop.

Mais la lettre était très claire et plutôt honnête. On ne pouvait que comprendre mes arguments.

Ce qu'a fait un des grands boss, James Dye lui-même, consterné de me perdre, lundi matin, 4h22, AM.
(I didn't know he cared)

J'aurais dû me sentir libéré, mais le poids d'un avenir imprécis est venu maintenant se placer sur mes épaules. Ce lundi fou, je quittais le Vieux-Port pour le Vieux-Québec vers 15h00 avec trois ados dans mon auto. Nous sommes allés voir et entendre Selena Gomez sur les Plaines d'Abraham. Ce fût très agréable. Nous étions en très agréable compagnie, entre amis et les jeunes ont beaucoup aimé. Moi j'aurais troqué 4 changements de costume et quelques refrains chantés par elle et non par ses choristes contre de bons morceaux bien chantés,( même ma chanson préférée de Gomez n'a pas été jouée proprement).

Mais sa qualité première (elle est très belle) a été confirmée.

Nous nous sommes couchés vers 1h du matin et mon téléphone a sonné à 5h08.
Le travail. J'ai pas répondu. Je n'étais pas supposé travailler.
Le message laissé était:
"Salut Hunter, il est 5h08, je voulais juste savoir à quelle heure tu rentrais"

Ostie!
J'avais lu mon horaire tout croche.

Comme j'avais démissionné la veille et pas avisé de mon absence du lendemain, ils ont dû penser que j'allais botcher ma fin chez eux, à ma guise.

Tellement pas moi, ça.

J'ai démissionné sur bien des choses, mais ne le ferai jamais sur la vie et ses Hommes.

Vendredi, on fait aussi Montréal-Québec pour le show Bryan Ferry/Duran Duran.
On se couchera aussi vers 1h du matin.

Alors que je me croyais en congé, je commence à 7h le lendemain matin, 273 kilomètres plus loin.

On verra bien.

Je suis une machine, moi aussi.
Mais comme il ne feront pas de références...

On verra bien.

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