samedi 15 octobre 2016

Les Puissants Qui Abusent

Vous savez on aura beau lutter contre la pauvreté, il y aura toujours moins riche que l'autre.

Je ne dis pas qu'il faille cesser de le faire. Certaines personnes vivent dans une pauvreté si immonde, qu'il en devient difficile d'y trouver des attributs humains. Il faut au moins tenter de juguler la chose le plus souvent possible et autant soit peu.

J'ai passé la journée (fort occupée) de mercredi dernier à me demander si je devais vous écrire sur José Bové qui venait nous dire comment gérer notre économie. Il se scandalisait d'être traité comme le foutteur de merde qu'il est parfois, puisque refoulé aux douanes, puis on lui a accordé 7 jours pour qu'il se fasse suivre des caméras et se fasse aller le crachoir. Bové fonctionne d'abord dans la résistance, depuis toujours (en commençant par être expulsé des Jésuites en 1968 pour avoir été "en contradiction avec l'institution"). Il est rebelle de nature.
 J'admire les gens rebelle en général, mais lui, il me les gonfle. J'ai toujours l'impression de voir et d'entendre un adulte n'ayant pas maturé. Je me trompe peut-être. Je ne le feel pas dirait mes ados. Je le connais peu et du peu que je le connais je sais qu'il use du mensonge autant qu'il accuse les autres de le faire. Il crie à la dictature altermondialiste, mais insiste sur sa propre dictature agricole. Je ne suis pas fan des libertariens. Bové est obssessivement contre les OGM, sur lesquels son propre père avait travaillé (ce qu'il nie). Il est contre, peut-être justement parce que son père y a travaillé et l'a convaincu de tout le mal de la chose, mais peut-être aussi pour s'inscrire en faux contre son père, ancien directeur régional de l'institut national de la recherche agronomique et membre de l'Académie des Sciences. Sa relation avec son père, je ne la connais pas. C'est peut-être le germe de l'esprit de confrontation qui habite José. Peu importe, je ne sais pas. Je n'étais pas certain de connaître mes dossiers pour en jaser.

 Je n'avais pas le temps de faire trop de recherche ET sur le bonhomme ET sur les détails de l'entente de libre-échange entre le Canada et l'Union Européenne et sur ce qui achoppe du point de vue de Bové et ses partisans. Ce que je sais, c'est que selon lui, l'Organisation Mondiale du Commerce est le problème.

Mais voilà, je finis par vous en parler quand même.

Un sujet que je connais mieux, ce sont les mots,

Le même jour, une autre nouvelle est venue me chercher davantage. Une hargne qui m'a habité pour le reste de la journée.  C'est Pierre Hébert, qui en voulant défendre un métier, une communauté (divisée). un ami, ses idées, m'en a donné les munitions sans le vouloir.
Hébert a dit du verdict de culpabilité contre Mike Ward dans le dossier l'opposant à la famille Gabriel:
... Alors que l'humour est un moyen d'expression du peuple pour le peuple pour se moquer des puissants qui nous abusent, nous donnons aujourd'hui une arme de plus à ces gens pour nous faire taire.

Non, Pierre,
Qui est le puissant dans ton commentaire? La loi? Le bon sens? Les Droits de la Personne? La (saine, quoi que tu en penses) société?
Dans Jeremy Gabriel vs Mike Ward, le puissant qui abuse c'est Mike Ward.
L'humoriste sur scène qui fait rire en se moquant de gens génétiquement moins choyés et de leur famille. Le populaire comique qui remplit les salles et avec lequel on veut se faire prendre en photo. Tout ce que Jeremy Gabriel n'est pas et ne sera probablement jamais. Parce qu'on a violé sa dignité à répétition et qu'on continue de le faire.

Mike Ward a pêché. Lourdement. Et il s'en excuse assez peu. Il a tout de l'intimidateur qui veut en remettre. Il l'a fait. Il en a remis dès le soir de la remise des Oliviers quand il avait préparé un numéro où il voulait envoyer un autre uppercut, mais pas à la famille de Jérémy cette fois, à ceux qui traitaient le dossier Jeremy Gabriel, la commission des droits de la personne, qui l'avait accusé des torts qu'il avait faits.

Parce que peu importe ce que Donald Trump Mike Ward criera d'une scène à l'autre, il a causé d'horribles torts à un jeune garçon dont la maturité était en pleine formation, dont le corps lui rappellera toute sa vie qu'il n'aura pas les mêmes chances que les autres, et que malgré le verdict de culpabilité posé contre Ward, des cicatrices seront encore à soigner quelques temps pour le jeune homme. Fort brillant par ailleurs si vous avec la chance de l'entendre en entrevue. Sa page Facebook est toujours pleine de disciple de Ward qui débordent dans leurs commentaires, plus discrètement me direz-vous, mais qui gardent les plaies ouvertes, Merci, Mike de garder tout ça dans l'actualité Dieu merci Jeremy, 19 ans, s'en fout. Ou nous le fait croire, puisqu'il n'accord pas l'accès à des commentaires pour son clip sur Youtube.

L'enfant, c'est maintenant Ward, qui a parfois le jugement et la maturité d'un enfant.
Voilà pourquoi un parallèle a été fait plus haut avec Trump.

Mike Ward a été un cas extrême. Il a été traité en cas extrême. Il a dit des choses odieuses, soir après soir. Frappant sur beaucoup plus faible que lui. Pour faire rire. On a tracé une ligne de là où on ne rit plus. Fair enough.

Cette histoire est triste, mais n'a pas besoin de devenir pathétique. En faisant appel, en revenant sur son "triste" sort, Mike Ward reporte son costume d'intimidateur et tente de réorienter les vues.

Tout comme on a déjà défendu des manques de jugement déguisés en liberté d'expression avec un certain Jeff Fillion, Ward tente de redessiner la liberté artistique à sa façon.

Les abuseurs abusent.
Et manipulent.

Ward essaie de nous donner de nouvelles définitions de ce que l'on devrait comprendre de l'intimidation. Pas besoin, Mike. C'est toi qui a ciblé une famille, en parfait goon de l'humour.
Je ne vois chez Ward que des plaintes contre une injustice qui ne se rapporte pas du tout à lui, mais bien à Jéremy Gabriel.

Vous savez on aura beau lutter pour la liberté d'expression, y en aura toujours de moins habiles que d'autres pour s'exprimer et qu'on voudra faire taire.

Il peut y avoir finesse dans l'art de construire un gag.
N'est pas Jean-Thomas Jobin qui veut.
Je ne demande pas à Ward de devenir Jean-Thomas Jobin.
Je lui demande de simplement mieux doser ses idées en humour.
Mais surtout, je demande l'ombre de l'ombre d'un examen de conscience ou d'un remord.

Pas un agresseur de système qui crie à l'injustice.
Un loup qui me conseillerait sur comment protéger les poules qu'il s'apprête à réattaquer.

L'injustice à été commise à la famille de Jeremy Gabriel d'abord à la naissance de celui-ci, tout en restant le plus cadeau sur terre.

J'espère que Jeremy ne l'oubliera jamais.

L'enfant Ward, dans tout ça, oublie d'être un Homme.


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