lundi 13 février 2017

Tolérable Corruption Populaire

Aucun président des États-Unis n'a eu un jour autant de conflits d'intérêts dans l'occupation de sa fonction que le président actuel.

Depuis son élection, les démocrates, la presse, (dont c'est le devoir) l'ont souligné de toutes les manières possibles. Trump utilisera sa présidence pour son profit personnel, ont-ils dit. Les gouvernements étrangers enligneront leur commerce en faveur de ses entreprises. Les journalistes ont levé un sourcil en constatant que Trump, l'homme d'affaire, doit de l'argent aux banques étrangères, ses entreprises en dépendent, et que ses décisions vis-à-vis des pays envers lesquels il est en dette seront nettement influencées par sa situation créancière personnelle. Il y a deux semaines seulement, la Citizen for Responsability & Ethics de Washington a lancé une poursuite (futile) contre le président pour avoir violé, à multiple reprises déjà, la règle qui stipule clairement qu'un président en fonction n'a pas le droit de recevoir de cadeaux d'un gouvernement étranger qui ne soit pas un cadeau pour le peuple.

Trump a haussé les épaules et fait dévier les cadeaux vers ses enfants. Il a fait la même chose avec ses business, il les as légués à ses enfants. Trump se dit que ses supporteurs n'en feront pas un drame.

Et si l'histoire en est une indication, il a raison.

Le phénomène du politicien corrompu, mais populaire n'est pas nouveau. Pensez à Silvio Berlusconi il n'y a pas si longtemps. Ri-poux jusqu'au bout des ongles mais hyper populaire en Italie.Un autre cas intéressant est celui du membre du congrès James Traficant aux États-Unis. Traficant a été élu pendant 9 mandats de 1985 à 2002 en Ohio. Les supporteurs de Traficant étaient massivement des gens de la classe ouvrière, à l'instar des supporteurs de Trump. Le slogan de Traficant, dans ses années, était même "America First". Il était aussi excellent matériel pour la télé. Il était vulgaire, coloré et tentait d'intimider les autres lui aussi. En leur disant qu'il les frapperait dans les couilles entre autre. Il appelait la I.R.S.,  "les putes politiques", s'excusant plus tard, trouvant cela effectivement insultant...pour les putes...

Traficant était aussi fameusement corrompu. Avant son passage au congrès, il était shérif. Un shérif filou trouvé coupable de recel et d'avoir accepté de multiples pots-de-vin de la part du monde interlope qu'il aurait dû combattre dans son poste. Alors au congrès, il a aussi été trouvé coupable d'évasion fiscale. Peu importe, élections après élections, il les gagnaient avec plus de 60% de votes des électeurs. Il a fallu que le congrès le mette lui-même à la porte pour que sa carrière soit terminée. Les voteurs savaient que Traficant n'était pas un saint, mais l'ont accepté comme l'un des leurs. Un imparfait acceptable. Ils ont cru qu'il se battait pour leurs intérêts. et ils adoraient son style qui ne se conformait pas à "l'élite" de Washington. Tout ça était bien plus important qu'un peu d'argent on the side. Quand Donald Trump a dit que de ne pas payer de taxes pendant des années faisait de lui un "homme intelligent", probablement que tous ses supporteurs ont acquiescé en riant, sans que le mot escroc ne leur effleure une seule fois l'esprit.

Le monde politique est corrompu et le gouvernement a échoué est le message qu'a retenu la base des supporteurs de Trump. La corruption individuelle est donc tolérable, mais pas la collective. Parce que collectivement, elle favoriserait les élites. (ce que Donald n'est pas?).
Quand CNN a fait un focus group avec des supporteurs de Trump, à la question; "que pensez-vous des nombreux conflits d'intérêts d'un Donald Trump président?" la réponse la plus populaire était "Who cares?" Tant qu'il fait sauter le système actuel. Trump est le rêve mouillé de l'anarchiste de pacotille.

La fascinante folle Kellyanne Conway a violé devant tout le monde cette semaine la loi qui dit que le gouvernement ne doit jamais endosser un produit, un service ou une entreprise en disant en conférence de presse que tout le monde devrait aller acheter des produits d'Ivanka Trump.

Étrangement les supporteurs de Trump ne voient que la corruption dans la cour adverse. On scrute dans les moindres détails tout ce qui passe avec la Clinton Foundation, mais ce qui passe chez Trump, bof!...pas grave. Un sondage en Italie avait montré à l'époque que plus les scandales inondaient les journaux avec Berlusconi au pouvoir, plus les gens étaient immunisés vis-à-vis la corruption. Ils la toléraient. Elle était acceptable et de moins en moins révoltante.

On a inventé la corruption noire et la corruption grise. La première inclus ce qui est toujours condamnable comme les agressions sexuelles ou les pots-de-vin. La corruption grise simplement ce qui choque les élites mais indiffèrent le voteur ordinaire.

Cette tolérance à la corruption trop populaire ne veut pas dire que les gardiens de l'éthique devraient baisser la garde. Mais y loger trop d'espoir pourrait être futile.

En envoyant Trump au pouvoir, les voteurs y ont envoyé un fantasme.
Ne sous-estimons plus jamais le pouvoir du fantasme.
Ils l'ont envoyé afin qu'il secoue les colonnes du temple.

Dire qu'il ne joue pas selon les règles ne fait, que confirmer qu'il est l'homme de la situation pour eux.  

Trudeau rencontre Trump Today.

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