mardi 31 octobre 2017

Pâle Abri Secret (Jones ne veut qu'avoir du fun)

C'est le mois du retour de Stranger Things (2). Un splendide hommage aux années 80 dorées des gens de ma génération et autres qui les ont connus et savourées autant que moi.

C'était pas calculé ainsi. C'est un pur hasard. Mais à vous, lecteurs réguliers,  je vous ai refait le coup du secret du mois. Je vous ai caché quelque chose sur le blogue.

J'ai commencé cela en 2012. Pour le fun. Par défi.
Juillet 2012. Tout le mois je vous avais caché dans les titres des phrasés de Serge Gainsbourg.

Puis, en 2013, je vous faisais une semaine et un jour de titres en un mot débutant par S pour ouvrir décembre.

En 2014, je vous offrais les Stones en juin. Comme Gainsbarre.

2015, je me passais de ce petit jeu.

En 2016, dès janvier je cryptais un message, facile à déchiffrer dans tous mes titres à quelqu'un qui le mérite salement bien.

Peut-être avez vous remarquez que mes titres, ce mois-ci insistaient parfois sur la danse...

Cette année, j'avais décidé dès le mois de mars de vous déguiser le mois d'octobre en hommage aux années 80. ça parait un jeu simple comme ça, mais c'est un défi beaucoup plus compliqué qu'il n'y parait.

30 titres qui sont une référence directe aux années 80.

Processus complexe et ingrat car quand on vous dépouille de vos titres, on se sent légèrement moins proche de son texte. Ça m'a donné des textes parfois plus faibles, il me semble. Afin de justifier un titre qui me piégeait d'emblée. La spontanéité y était maintenant plus calculée. Mais c'était le pari que je m'étais donné. Et je reste surpris d'être arrivé à la fin du mois avec encore plein d'idées pour des titres clins d'oeil aux années 80. Mon abri nostalgique un peu ringard.

Content de retrouver dès demain le contrôle de mes titres. Et content aussi qu'une personnalité, trop célèbre, dont j'aurais trop voulu vous parler, ne décède pas entre le 1er octobre et aujourd'hui. Tom Petty l'a fait. Et moi je l'ai surtout célébré entre 1984 et 1989. D'Heartbreaker à sa fièvre de pleine lune. Ça tombait juste bien. Même chose pour le chanteur des Hip.

Dans mes trois rendez-vous ponctuels, j'ai respecté la thématique: L'hommage au cinéma, à la musique et à la littérature, j'ai opté pour honorer dans l'ordre des oeuvres de 1982, de 1986 et de 1987.

Entre 1980 et 1989, j'avais de 8 à 17 ans. Des années de miel doré. Certainement parmi mes plus belles. Mes trois premières collection de cartes de hockey complètes (1980-1981-1982). Ma seule collection complète de cartes de baseball (1980). Dans le temps qu'il n'y avait qu'O-Pee-Chee qui distribuait. Mes premières aventures amoureuses. Ma première relation sexuelle. (Même pas mon premier rasage!).

Avons écouté le premier épisode de Stranger Things 2. Avons jubilé. La reconstitution de 1984 est parfaite. La trame sonore (presque trop insistante) fait mouche sur l'époque. Même dans la musique composée spécialement pour le show. Les frères Duffer (Nés en 1984, donc qui n'y ont connu que 6 ans de vie sur terre) ont fait leurs devoirs remarquablement. Vraiment.

Voici mon dévoilement des hommages choisis:
Le 1er: Duran Duran, Le 2 Frankie Goes to Hollywood, Le 3, 1982, le 4, le band du chanteur de Sex Pistols, le 5 Tom Petty,  le 6 Men At Work, Le 7 Echo & the Bunnymen, Le 8 Crispin Glover, le 9 Micheal Jackson (et Eddie Van Halen), le 10 Bryan Adams, le 11 Human League, le 12 Simple Minds, Le 13 le band de Palmer, Taylor, Taylor et Thompson. le 14, Bowie et Pat Metheny, le 15 Thomas Dolby, le 16 Stevie Nicks, le 17 1986, le 18 Sting, cité à même le texte, le 19 Bruce Springsteen, le 20 les Tragically Hip, le 21 Thompson Twins, le 22 le band des frères Sirkis, le 23 Eurythmics et Aretha Franklyn, le 24 Tracy Chapman (et dans une moindre mesure, Sting, encore), le 25 Alice Cooper, le 26 'Til Tuesday, le 27 1987, le 28 Sheena Easton & Billy Idol, le 29 Wham!, Hier, The Smiths & The The, et je conclus aujourd'hui avec un powerful trio: Tears For Fears, O.M.D. et Cindy Lauper.

Rien de plus normal, en ce jour du déguisement national, que de déguiser le mois en quelque chose.

À la prochaine cachotterie!

Et bon Halloween!

lundi 30 octobre 2017

Johnny Maar & The The

J'ai adoré The Smiths.

Au passé parce qu'il n'y aura plus jamais de futur pour ce groupe.
De futures créations communes je veux dire.
Maar en a marre et Morrissey est trop immature.


Johnny est le premier à avoir voulu de plein gré quitter le band. En juin 1987. Morrissey jalouse le fait que Maar aide plusieurs autres artistes on the side, et Maar en a assez des humeurs désobligeantes du chanteur de The Smiths. L'absence de gérance du groupe de Manchester aura été fatale au band.

À peu près au même moment, Maar travaille avec Bryan Ferry, un autre que j'aime absolument beaucoup. Ils pondent ensemble un morceau. L'année précédente, il était guitariste sur un album entier de Billy Bragg. Un exercice qu'il refera trois autres fois pour lui, en 1991, 1997 et 1999.

Maar travaillera avec les Pet Shop Boys (sur 13 morceaux), Stex, Banderas, Kristy MacColl et encore avec KM, Moodswings, K-Klass, M People, Beck, Tom Jones, Bert Jansch, Neil Finn, Oasis, Noel Gallagher's High Flying Birds, Beth Orton, The Charlatans, Pearl Jam, Quando Quango, Karl Bartos, Lisa Germano, Tweaker, Jane Birkin, Transit Kings, Crowded House, Girls Aloud, John Frusciante, Robyn Hitchcock, Hans Zimmer, Pajama Club.

Il fera deux albums solo, et sera membre officiel et non-officiel, fort collaborateur, disons, de The Pretenders, The The, Electronic, Johnny Maar & the Healers, Modest Mouse, The Cribs et 7 World Collide.

Dans un spectacle mettant en vedette Franz Ferdinand et Death Cab For Cutie, spectacle mémorable à l'Université de Montréal, J'accorderai peu d'écoute au premier des bands à se présenter sur scène. Erreur. Il y a avait fort probablement Johnny Maar, puisque c'était The Cribs. Quel show plus mémorable encore c'eût été si j'avais alors su! Un childhood hero à quelques pieds de moi!

En juin 1987, Morrissey surprend Maar en studio avec Ferry, ce dernier se pousse comme un voleur, Morrissey pique une crise de jalousie, Maar méprise son inflexibilité et n'aime plus la direction musicale que Morrissey veut lui faire prendre. The Smiths, c'est terminé. Avec Ferry, il retravaillera dans le futur.

Johnny travaille non seulement avec le suave Ferry mais travaillera aussi avec le grand Byrne. David. Leader de Talking Heads. Maar collabore à 4 morceaux de leur album de 1988. Dont un des meilleurs morceaux du band EVER, principalement en raison de son jeu de guitare, justement.

Il sera fait membre officiel des Pretenders et partira en tournée avec eux mais ne restera pas. Il est de l'album complet de Kirtsy MacColl avant de faire la rencontre de Matt Johnson. Avec lequel il connecte.

Et c'est d'eux dont je veux vous parler. Matt Johnson a un fort ego. Maar connaît le genre, il a eu Morrissey dans le décor depuis presque 10 ans. Depuis quelques années, Johnson travaille avec David Palmer, son batteur. Son band, The The, a eu comme membres, Keith Laws, Tom Johnson, Triash, Colin Lloyd Tucker et Simon Fisher Turner depuis sa création en 1979. Le premier album de 1983 a fait tourner bien des têtes, celui de 1986 encore plus. Celui de 1989 atteindra des sommets.

Alors que les deux premiers albums avaient des influences pop, dance et jazz, le troisième album de The The sera tout en textures de son, plus sombre, extrêmement plus politique, et Johnny Maar y sera pour beaucoup. L'album est un délice (pour mes oreilles) et Maar y gratte de sa guitare d'un bout à l'autre. Le seul morceau qui ne soit pas exclusivement écrit par Johnson est Gravitate to Me, co-écrit avec Maar.

The The aura de bonnes années 90, mais Maar ne sera alors plus de l'équation. La parenthèse de 1989 restera pour moi la meilleure collaboration du co-créateur de The Smiths. Extra The-Smiths.

The Smiths est mort cette année, il y a 30 ans.

Depuis le 20 octobre dernier, une version deluxe de The Queen is Dead, un fameux de leurs albums, a été mis sur le marché.

Demain Johnny Maar aura 54 ans.

Ayant celle de Morrissey que j'ai dévorée,
j'ai demandé l'autobio de Maar pour Noël.

dimanche 29 octobre 2017

Étourdis Murmures

Mardi dernier, j'ai perdu une bataille contre le chien noir de Winston Churchill.

J'ai vécu une grave crise de panique en travaillant. Mais comme je travaille seul, je ne pouvais qu'entraîner une seule personne dans ma dérive. Moi-même. J'ai hurlé. Loadé comme un gun. Toute la violence qui m'habitait. Toute la rage et la colère qui m'habitait. Toute la tonne de brique qui m'alourdissait. J'ai hurlé au volant plein poumons, longtemps. Trop longtemps. Trop fort.

Faut dire que les trois jours précédents m'avaient horriblement effrayés. Une frayeur prostatienne. Qui s'est avérée inutile mais j'ai eu très peur quand même. Et une succession de véritable bad luck, pour lesquelles je n'étais responsable de rien mais qui m'ont plongé dans la super marde (et trempé dans un déluge de pluie), m'ont fait explosé.

En hurlant comme un ogre, je me suis complètement scrapé les cordes vocales. Solide. Remplaçant une peur par une autre. J'étais incapable de parler toute la journée de mercredi. IN-CA-PA-BLE. Ma voix avait disparue. Et là j'ai pensé que ce pourrait être pour toujours. Jeudi, ça n'allait pas mieux. J'étais tapi dans le silence depuis 24 heures. Les enfants trouvaient cela drôle. L'amoureuse, moins. Elle savait que tout ça cachait plus qu'une laryngite.

C'est étrange comme la vie a testé mon corps la semaine dernière. Du vendredi matin au lundi après-midi, j'ai eu une bulle inconfortable au niveau des intestins. Avant de réaliser que ce serait peut-être la prostate. Je me rends à la clinique et la conne d'infirmière n'a rien fait pour me rassurer. Mais bon, la prostate n'était pas impliquée du tout, ça n'avait aucun rapport. C'était musculaire et ça avait plutôt  rapport avec l'intensité de ma gymnastique de nuit du jeudi (et du vendredi) avec l'amoureuse...

Quel con. Mais la peur avait été réelle et épuisante pendant deux jours. Et là est survenu le mardi de merde. Une journée qui aurait dû se terminer pour moi vers 13h (commencée à 7h00) s'est terminée vers 20h30. Si désorienté physiquement, technologiquement et mentalement que je me suis perdu trois fois. Une fois à Salaberry de Valleyfield parce que le GPS du camion m'a abandonné. Une autre fois à Boucherville, toujours pour les mêmes raisons (celui sur mon iphone ne fonctionne pas) et toujours en train de travailler. Puis à Montréal en raison de connes constructions et d'aussi ridicules détours. J'ai pensé très sérieusement coucher dans le camion jusqu'au lendemain. J'ai même arrêté le camion dans un quartier industriel pour le faire, avant de reprendre mes sens. Même en me rendant dans une station service, le gars que je dérangeais dans sa conversation sur téléphone intelligent, ne savait pas trop comment me diriger et me proposais un chemin "...mais compliqué..." .

Laisse-faire, surtout pas besoin de compliqué.

J'ai finalement trouvé. Mais était toujours sans voix. Et ma nouvelle angoisse devenait un deuil. Je ne chanterais plus jamais. J'écoutais de la musique et me surprenait à ne pas chanter les hautes sur certains morceaux.  C'était paisible de vivre dans le silence, mais inquiétant à la fois. Ça reviendra cette voix? C'est fini? J'étais entre le deuil et l'anxiété. Deux choix dont j'aurais pu me passer. Très inconfortable. Le spleen absolu. Sombre était la nuit.

J'ai soigné mes cordes vocales en me taisant. Mais aussi, surtout, le soir, en avalant tasse sur tasse de miel dans de l'eau bouillie. Je me suis même étouffé très sérieusement en me gargarisant, croyant à nouveau mourir. Vraiment...

Plus con encore, au boulot, un collègue a merdé avec le chariot élévateur et oubliant qu'il n'était pas sur le neutre, m'a coincé le mollet droit entre le chariot et le camion. C'est encore un brin endolori. Mais sans plus. Mais christ de christ...qui tenait la poupée vaudou à mon effigie?

L'amoureuse m'a suggéré de me rendre à la pharmacie et d'y prendre de quoi pour soigner mes cordes vocales. J'ai été voir, demandé à la pharmacienne, mais tout ce qui existait était en suppositoire...

Je n'ai jamais fait entrer quoi que ce soit par là. Ja-mais. Et n'en avait nullement envie. Quand j'ai vu que ça allait soigner mon mal de gorge, je me suis dit que la pharmacienne n'avait rien compris. Je n'avais pas mal à la gorge, j'avais les cordes vocales, fortement endommagées. J'ai laissé tomber, rien n'entrerais par là.

J'ai repris la recette miel/eau chaude. C'est très bon. Et ça m'a fait un bien immense. C'était étrange, trois matins consécutifs, de savoir que je ne pouvais même pas parler, même si je l'avais voulu. Mon corps me l'empêchait. Et ne pas parler dans une journée est presqu'impossible. Le peu de fois que je l'ai fait, je ne me suis pas reconnu moi-même. Doublant ma peur de rester ainsi forever.

Je pouvais maintenant faire la voix off des annonces de Dodge Ram.

Puis, vendredi, vers 17h30, soignant toujours ma gorge, je me suis surpris à chanter pour moi-même Janie's Got a Gun*, la première minute dix, avec les voix hautes et tout, complètement dans le ton.

Puis, test ultime, on a passé la journée de samedi à la Ronde. Crier était hors de question dans les manèges, mais ma bouche a très certainement été ouverte bine grande. Et ma voix a participé à la journée normalement.

Le miel m'a sauvé.

L'amoureuse m'a trouvé plus sensuel en parlant tout bas, en chuchotant ou en murmurant pendant trois jours. Mielleux justement.

J'en ai eu assez d'avoir si peur pendant une semaine.

Je me suis souhaité un corps électrique qu'il aurait suffit de brancher afin de recharger complètement.

Sans heurts.

Mais la vie sans heurts, c'est une vie inerte.

C'est pas une raison pour se faire des peurs aussi nettes.

*Jonsezy's got a gun?

samedi 28 octobre 2017

Sheena Easton (chair de fantaisie)

Sheena Shirley Orr est née en avril 1959 en Écosse. Elle est la plus jeune d'une famille de 6 enfants. Elle a 2 frères et 3 soeurs. À 10 ans, elle perd son père. Sa mère tient la large famille à bout de bras et c'est à 14 ans, en voyant The Way We Were au cinéma, que Sheena pense pour la première fois peut-être faire une carrière en musique. Afin de tenter de recréer le même effet que Streisand lui fait sentir.

Comme elle est brillante à l'école, elle est récipiendaire d'une bourse qui la mène à la Royal Scottish Academy of Music & Drama. Elle y sera de 1975 à 1979, soit de 16 à 20 ans.

Elle enseigne le théâtre de jour et chante dans les clubs le soir. Elle épouse Sandi Easton, mais le divorce 8 mois plus tard. Elle en gardera le nom de famille pour toujours. On lui suggère de passer en audition pour le show télé The Big Time, un genre de pré-reality show dont deux épisodes suivent la carrière d'une jeune chanteuse et les étapes afin qu'elle se rende jusqu'au contrat de disque et au lancement de celui-ci (moyennant une signature avec une compagnie de disque intéressée).
Justement voilà, les producteurs sont intéressés par la jeune Sheena qui sera choisie comme sujet du reality show. On lui dit qu'elle devrait penser à une autre carrière. Mais EMI la signe. Les épisodes montreront Sheena et les étapes la menant à l'enregistrement de son premier single.

La chanson obtient un certain succès en Europe, mais Sheena n'est convaincue de rien. Son single suivant sera toutefois un hit majeur et international. Ça jouera absolument beaucoup sur les grosses bobines de notre système dans le salon de Sillery au début des années 80. Je pense même qu'une (horrible, ça va de soi) version française en avait été faite au Québec. Je connais sa voix, mais pas son joli minois encore. Je n'ai que 9 ans de toute manière.

Easton sera votée meilleure chanteuse par deux magazines, meilleure nouvelle artiste par une station de radio et meilleure chanteuse encore par les lecteurs du TV Times. Elle est si au goût du jour qu'elle sera choisie pour chanter la chanson-thème du prochain James Bond. Autre gros hit. Je lui découvre les yeux. J'aime sa façon de les planter sur nous. J'ai peut-être 10-11 ans. Elle gagnera le grammy de la meilleure nouvelle artiste et sa chanson sera nommé aux Oscars, sans gagner.

Ses trois premiers albums atterrissent chez nous entre 1981 et 1982, ils ne feront pas de malheur. En 1982, une tournée en Amérique sera immortalisée sur VHS.

En 1983, elle accompagne le bon vieux Kenny pour un morceau tout ce qu'il y a de plus fleur bleue.

Mais un fameux morceau. En tout cas, dans mes oreilles. La même année, elle lance un nouvel album.

En 1984, elle devient un star au Mexique pour son duo latin avec Luis Miguel. Elle gagne son second Grammy pour ce morceau. La même année, Madonna révolutionne la présentation des femmes en musique. Sheena prend le train du matin sur le sujet. Sexuellement, je m'éveille et sa manière de nous regarder dans son vidéo Struts me séduit complètement. Son kit autour de 3:46 ... JE L'AIME D'AMOUUUUUUUUUUUUUUR.

Mais qu'est-ce que je connais à l'amour à 12 ans?...

Je confonds amour et désir.

Prince lui écrit une chanson cochonne qui sera bannie à la radio.

Celine lui emprunte une chanson quand elle vire U.S. 

En solo, Sheena ne refera plus vraiment surface. Elle réapparait chez Prince, plus sexy que jamais en 1987.

Mais ensuite, faudra chercher.
Elle essaie ben ben fort, mais bon...ce qu'elle fait n'est jamais très bon.

Un dernier petit coup de gueule en 1988. Sa musique est abominable, mais ce qu'elle est du bonbon pour mon oeil! J'ai maintenant 16 ans. Elle en a 29. (Wouldn't work).

Mère célibataire de deux enfants, elle aura, à ce jour, enregistré et lancé 16 albums entre 1980 et 2000.

Pour moi, elle aura d'abord et avant tout été éveil sensationnel.

Fantasme dans les merveilleuses années 80.

vendredi 27 octobre 2017

À La Recherche Du Temps Perdu******************L'Insoutenable Légèreté de l'Être de Milan Kundera

Chaque mois, comme je le fais pour la musique (vers le milieu) et comme je le fais pour le cinéma (vers le début), je vous parle d'un livre tiré de ma bibliothèque et qui m'a beaucoup marqué et je tente de vous dire en quoi.

Lire c'est penser, réfléchir, parler à un ami, l'écouter, l'entendre, le comprendre (ou pas), s'immiscer dans une réalité qui n'est pas la nôtre, c'est oser braver ses préjugés, c'est s'ouvrir, découvrir un nouvel angle sur les choses, la vie, l'autre, sur soi-même. C'est prêter une oreille à des confessions, des fantasmes, c'est avoir l'oeil et la tête sur des nouvelles idées, c'est se permettre un nouveau regard. C'est généreux, si on le veut. Générateur aussi. C'est forger ses propres idées à partir de la vision des autres. C'est confronter sa vision, écouter une musique, suivre un rythme, en faire naître des nouveaux. C'est découvrir l'écho des moeurs qui ne seront parfois jamais les nôtres. Lire c'est explorer sous une nouvelle lumière, c'est s'ouvrir les sens et s'agrandir les corridors mentaux. C'est se balader sur la plage du monde entier qui le compose. C'est danser sur le cerveau d'un(e) autre. C'est apprendre la vie par les yeux et les mots. Par le moteur de la pensée redessinée. C'est un regard, une inspiration, un souffle.

Lire c'est visiter la vie des autres et un peu la nôtre aussi.

Lire, c'est pour moi respirer. C'est un peu beaucoup mon métier.

L'INSOUTENABLE LÉGÈRETÉ DE L'ÊTRE de MILAN KUNDERA

L'action du livre se déroule à Prague dans les années 60-70 et explore la vie artistique et intellectuelle de la société tchèque au cours de la période communiste, à partir du printemps de Prague jusqu'à l'invasion soviétique en 1968. Tomas est chirurgien. Sa femme, Tereza est photographe et angoisée par les infidélités de son époux. Sabine est la maîtresse de Tomas. C'est une artiste à l'esprit libre. Franz est universitaire suisse et amoureux de Sabine.

Ils sont 4 métaphores:
(Tomas)L'ambiguïté. Chez Kierkegaard, on parlerait d'éthique et d'esthétique.
(Tereza)La morale. Femme fidèle, dévouée à son mari, l'amour pur.
(Sabine) La légèreté. Le trait marquant de la modernité selon Kundera.
(Franz)La lourdeur. Le vieux monde, le personnage coincé dans un mauvais mariage.

Milan Kundera écrit presque toujours sur le retour. Il fait d'ailleurs de larges allusions à la théorie de l'éternel retour de Nietzsche dans son livre. Cette théorie propose le caractère cyclique de l'univers et de ses événements. Kundera suggère une opposition avec une vision de l'histoire unique, chaque personnage n'ayant qu'une seule vie à vivre, et devant en saisir toute les opportunités. L'être est léger et échappe aux individus. L'éternel retour alourdit nos vies.

Kundera plaide en faveur du progrès. Kundera croit en une conception accidentelle de l'amour. Personne n'est destiné à personne selon lui. L'amour est fugace. L'Homme moderne y accorde nettement trop d'importance.

La politique est inévitablement en toile de fond. J'adore les petites histoires en marge de la grande. la première éclairant souvent la seconde.
Le communisme est rapprochée du nazisme dans la mesure où leur idéologie partage le refus de l'individualité. Kundera nage dans l'individualité. Je découvre le livre ado, forgeant profondément et irréversiblement mon individualité. L'occident, pour Kundera, est l'individu et la liberté.

La sexualité est créative dans son oeuvre. Un autre élément qui s'imprègne en moi pour toujours.
Deux personnages se culpabilisent dans la sexualité. Deux autres n'y sont qu'imagination et séduction.

Lumière et obscurité se côtoient. Être et néant. Entité positive et négative. La légèreté est positive. La lourdeur, négative. La légèreté dérange. De là l'insoutenable légèreté de l'être.

Tous les personnages réaliseront la vacuité de leur propre existence dans leurs choix respectifs. Les paradoxes sont insolvables et inévitables. Le destin est une chimère, l'existence humaine, précaire.

Le film qui en a été tiré, mettant en vedette Juliett Binoche, Daniel Day-Lewis et Lena Olin, ne garde à peu près rien du contexte historique du livre, et est nettement moins philosophique que le livre peut l'être.

Kundera ne voudra plus jamais que l'on adapte ses oeuvres suite à celle-là.

Même le chien dans le livre porte en lui(elle) une haine du changement qui peu avoir une portée métaphorique.

Kundera nous as offert en 1982, en tchèque, en 1984, en français, en 1987 au cinoche, une grande oeuvre sur l'individualité la liberté et l'espace qu'on se donne pour les développer.

Ou pas.

Selon le nombre de vie que l'on pense qu'on a.

jeudi 26 octobre 2017

Ces Voix Qui Portent

L'univers papier est en voie de disparition.
Journaux, magazine, livres, tout est à moyen ou long terme porté à céder sa place à l'océan virtuel.

Nos tout petits téléphones portatifs peuvent porter tous les mots de la terre, toutes les nouvelles, toute la musique mondiale. 

Il faut faire preuve d'une certaine audace pour réussir à attirer l'attention du lecteur et réussir aussi à lui faire acheter votre produit, version papier. Mais le jugement doit être au rendez-vous.

Le magazine musical français Les Inrockuptibles ont commis la même faute morale que le magazine (musical aussi) Rolling Stones il y a quelques années, afin d'attirer l'attention sur son magazine. Ça semble une musique de journalistes musicaux. Une musique qui sonne faux pour la plupart. 

Les Inrockuptibles ont eu la très mauvaise idée de mettre en Une de leur magazine d'octobre, Bertrand Cantat, ex-chanteur de Noir Désir, mais dont le nom d'assassin lui a été collé au corps plus souvent depuis août 2003. Parce que son corps circule toujours parmi nous. Celui de l'actrice Marie Trintignant, qui, 18 mois avant le 1er août 2003, commettait une erreur fatale en faisant entrer Cantat dans sa vie, n'est plus parmi nous. Son corps, désarticulé et défiguré, a été inhumé au Cimetière du Père-Lachaise. Cantat l'a tué de ses poings dans une scène de jalousie dont l'ignominie est insoutenable. 

Cantat a été jugé pour son geste et condamné à 8 ans de prison. 4 ans après le meurtre, Cantat a droit à de discrètes sorties. La même année, il sera libre comme l'air, un air à jamais toxique. Libre, moyennant une certaine supervision et avec promesses de consultations psychologiques. 

Depuis 2011, Il n'y a plus aucun suivi autour de Cantat. Il peut bien faire ce qu'il veut. Mais les gens ne veulent plus de lui. Ils le veulent inaudible, absent. Ils veulent lui rappeler en tout temps qu'il a oublié de mourir lui aussi ce soir d'été 2003. 

L'article des Inrockuptibles fait absolument fi du grave incident Trintignant. C'est un ami qui le passe en entrevue. On a tourné la page. Pas le monde. 

Il est là, le crime des Inrockuptibles. La banalisation d'un geste impardonnable. 

Pardonner l'impardonnable est extraordinairement complexe. Et ce n'est pas une foule, une masse qui y arriverait facilement. 

Aux États-Unis, le magazine musical Rolling Stones s'est commis 3 fois de la sorte. On a mis Lee Harvey Oswald, assassin présumé de JFK, en Une, John Wilkes Booth, assassin du président Abraham Lincoln et plus récemment, Dzhokhar Tsarnaev en Une aussi de leur magazine qui ne se limite pas qu'à des articles sur la musique, mais parle aussi beaucoup de la société des États-Unis. 

L'envie de sensation recherchée par chaque Une a fonctionné. Il y a eu tonnerre. Un tonnerre absolument non nécessaire. 

Des voix que l'on voudraient tues comme celles de leurs victimes. 

Dans les cas de Wilkes Booth, Oswald et Tsarnaev, on ne les faisait pas parler, les deux premiers étaient morts quand on en a fait le portrait. On s'est contenté de leur donner la gueule du "voyou charismatique issue de notre violente société"en Une et d'en faire le sombre portrait dans leurs pages. Au contraire des Inrocks, on les titre pour ce qu'ils sont reconnus: le tireur, l'assassin, le bombeur.  

Cantat, pour bien des gens, n'est même plus un artiste. 
Sa voix est celle d'un assassin de femme. 

Dans le numéro des Inrocks, on jase entre amis, de son avenir, de ses projets actuels, son nouveau band, son nouvel album. 

On prend le thé en enfer. Le monstre est volontairement caché. 

Le monde ne veut plus de cette voix qui a effacé l'autre. 

Pratique le catimini, Bertrand. Ai l'humilité de te faire oublier. 

Tu n'es plus bienvenu publiquement. 

Sommeille. 
Si tu n'y arrives plus, c'est pas anormal.
Place-toi alors en dormance. 

La magazine Elle France, a eu la plus jolie des réponses aux Inrocks