jeudi 19 octobre 2017

Danser Dans le Noir


Maintenant Salvail et Rozon...

Il ne fait aucun doute que les allusions d'agressions sexuelles dont a fait part Björk cette semaine visaient Lars Von Trier.

Tout comme avec Harvey Weinstein, là non plus je ne suis pas tellement surpris. Je ne me souviens pas si j'en avait déjà parlé ici, mais j'ai laissé tombé Von Trier quand j'ai commencé à sentir qu'il se faisait un malin plaisir à filmer la femme en décomposition morale et physique.  Breaking the WavesDancer in the DarkDogvilleManderlayAntichristMelancholiaNymphomaniac...Je n'ai pas vu les trois derniers, là, je l'avais vraiment abandonné.
Dès Dancer in the Dark, je commençais à grincer des dents. Je me rappelle l'extrême tension entre Björk et Von Trier à Cannes cette année-là.
Dans chaque film, nommé plus haut, une femme, destructrice, auto-destructrice, parfois les deux. Presque toujours, une femme menée vers la déchéance. Pas sain du tout.
J'y sentais une certaine misogynie assumée que je ne tenais en rien à honorer en visionnant ses films.

Peut-être que je me trompe.

Euripide, dans un cocktail lounge babacool avec Aristophane et Socrate, aurait dit, dans un grand moment de lucidité: "Aucun de nous ne sait ce que nous savons tous, ensemble".

Formidable lucidité.

En 2017, ce que nous savons, tous ensemble, c'est que traiter une femme comme moins que son égal est mauvais. Donc, la forcer à se soumettre à nos, (nous-les hommes) pulsions sexuelles contre son gré est complètement inacceptable. À moins d'être président des États-Unis, je crois comprendre.

Une campagne de guérison est en cours en ce moment, principalement sur les réseaux sociaux. Un véritable tsunami de vannes qui s'ouvrent afin de se libérer de plaies et afin, surtout de freiner la recrudescence de nouvelles victimes féminines au niveau des agressions sexuelles.

Dominique Strauss-Khan ne doit même pas comprendre ce qui se passe.

Des femmes de partout dans le monde dénoncent "leur porc" en France; disent "moi aussi" en Amérique ou ailleurs, et trouvent le courage de crier pour se faire entendre afin d'expier la/les fois où elles n'en ont pas eu la chance, la force, l'oreille pour le faire. Il y a ménage, processus de guérison et je trouve ça merveilleux. Des queues flétrissent entre certaines jambes.

Mais je devine que certaines s'inventent peut-être aussi quelques porcs...

Peut-être que je me trompe là aussi.

Dans la foulée des dénonciations mondiales sur le harcèlement sexuel, un ministre français, Bruno Le Maire, s'est mis le pied dans la bouche et la bite dans l'oreille. Il a affirmé qu'il ne "...dénoncerait jamais un collègue harceleur parce que la dénonciation n'est pas dans son identité politique". Il faut savoir qu'en France, la délation, en général, a très mauvaise réputation depuis l'occupation, Vichy et la Seconde Guerre Mondiale. Elle a brisé bien des liens et bien des vies. Mais il faut avoir le jugement d'une enclume pour dire une chose du genre dans un contexte comme celui qui suit les révélations sur les comportements douteux d'Harvey Weinstein.

Et de probablement plusieurs autres dans le même moule.

C'est ce moule dont on veut changer le modèle. Et ce ministre, dans sa grande maladresse, nous dit que la recette, il ne la changerait pas. Il regarderait ailleurs.

Bravo.

Il a eu beau s'excuser et dire qu'il avait été maladroit et que ce n'était pas de cette manière qu'il voulait faire paraître son côté imbécile. Il mérite le goulag.

Une personne victime de viol ou d'agression sexuelle est piégée par son traumatisme. Il est extraordinairement courageux de voir toutes ses femmes, meurtries, se libérer de leurs chaînes.
La violence subie par une victime, morale et/ou physique, la paralyse. Le cerveau ne contrôle plus l'intensité du stress intérieur. La sidération est absolue. Le corps se protège naturellement en "éteignant le système". La victime est alors littéralement anesthésiée et se dissocie. Elle est comme déconnectée de son propre corps. C'est ce que l'on appelle l'état dissociatif. En conséquence, le souvenir va rester coincé dans une partie du cerveau et ne va pas être traité et enregistré complètement par le "disque dur".

Le souvenir errera dans le cerveau et ne sera pas rattachable nécessairement à une date. Il peut refaire surface en tout temps, initié par une odeur, une couleur, une scène, un mot, un amalgame de choses.

Vous vous demandez qu'est-ce qu'elles attendaient ces dames pour parler?

Elles attendaient d'être déparalysées de leur traumatisme.

C'est ce qui se produit en ce moment.

Christ que c'est sain.
Exposant le malsain du même coup.

S'avouer victime fait partie de la guérison.
Le drame sort du silence.
Bientôt, plus lumineuse sera la danse.

Peut-être que je me trompe encore.
Mais je ne crois pas.


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