vendredi 29 décembre 2017

Barbara Steele

Née à Birkenhead, Cheshire, en Angleterre, elle étudie le théâtre à la Chelsea Art School et à Paris, à la Sorbonne.

Mais elle n'est pas actrice en art, elle s'occupe des décors. Elle peinturait justement les décors d'une pièce à Glasgow quand on fait appel à elle pour la remplacer. Ce remplacement fait fureur et dans la foule, on la remarque. Son air saturnin et ses profonds yeux noirs séduisent tout de suite.

Les italiens d'abord. Mario Bava ne la voit qu'en photo et la veut pour son film Mask of Satan. Elle a 22 ans. Tout comme Roger Corman, autre roi du gore, la personnalité du réalisateur est extrêmement docile et passive, voire renfermée. Ce qui rend l'atmosphère du plateau particulière avec ses sujets d'horreurs et gothiques. Ils avaient l'air de prêtres jésuites, mais étaient d'un noir et douteux, ce que Barbara Steele retransmet sur pellicule pour eux.
Federico Fellini lui plaira davantage car il est aussi flamboyant que coloré. Sur le tournage de 8 1/2, pour lequel elle est choisie, Fellini consulte sans arrêt un voyant, sujet qui le fascinera toute sa vie. Ce voyant aux airs de Raspoutine casse un oeuf dans un verre en début de journée et selon ce qu'il croit voir dans le jaune d'oeuf, il dit parfois "on ne devrait pas tourner aujourd'hui. Ce qui veut parfois dire que des centaines de gens costumés, maquillés installés, doivent retourner chez eux, sans avoir travaillé. Les producteurs s'arrachaient les cheveux. Barbara s'amusait grandement. Trouvait toujours à s'amuser.

Son rôle et son numéro de danse dans 8 1/2 inspirera Quentin Tarantino pour une scène célèbre du même genre dans Pulp Fiction.

Ses joues creuses et ses grands yeux attirent les réalisateurs de films gore, un genre qu'elle ne supporte pas comme spectatrice.  Elle devient si populaire dans ce genre de films qu'on la surnomme la "Scream Queen", l'une des premières du genre. Au Festival du Film Fantastique de Neuchâtel, on lui réservera même un hommage ciné, comme reine du gore.

Sur grand écran, elle a cette qualité friponne de pouvoir exposer une rage et une violence malicieuse, et quelques secondes plus tard, redevenir cette jeune fille légère, adorable et ingénue. Ça plait aux réalisateurs de gore. Genre, qui la rendra célèbre de manière presqu'accidentelle.

Elle fait aussi de la télévision. Même aux États-Unis. On la choisit pour jouer auprès d'Elvis, pour Flaming Star, mais on la remplace quand elle ne s'entend pas du tout avec le réalisateur Étatsunien Don Siegel. Elle sera d'un Alfred Hitchcock Presents... ça semble tout simplement aller de soi. Elle a du nébuleux dans l'air.
Elle est formidable.

Les années 70 lui font encore la part belle dans les films de genre, l'horreur surtout. David Cronenberg lui fait une place dans Shivers. Elle sera co-productrice d'une série dans les années 80 et sera même récompensée aux Emmys, pour sa suite, 5 ans plus tard, principale productrice cette fois.

Elle se fait plus rare dans les années 90, n'apparaissant que dans une série télé, un reboot des années 60.

Dans les années 2010, elle joue dans trois films et un court-métrage (français celui-là). Ryan Gosling lui offre un rôle pour son premier effort comme réalisateur. Un film néo-noir fantastique, bien entendu.

Barb a 80 ans, aujourd'hui.


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