vendredi 2 mars 2018

Déjà Vu, Encore & Encore

C'est con.

J'avais vécu cet exact moment.

Debout dans le sous-sol, regardant un film...non...regardant cette exacte scène, ce qui était impossible puisque je voyais Les Rois Mongols pour la première fois. Debout donc, tenant de deux doigts dans chaque main la jupe de mademoiselle, qu'elle ne voulait pas que j'oublie de sortir quand la sécheuse va buzzer, en guise de repassage cheap (mais pas en électricité).

La chésseuze avait buzzé et la jupe était prête.

Je tenais la jupe de madame, qu'elle porterait le lendemain matin, au travail, avec l'objectif qu'elle ne soit pas plissée, ce qui était le but précis de la mettre en premier lieu, dans la sécheuse. Je me tenais debout, porte-linge humain, à quelques pouces de la télé du sous-sol, les yeux et la tête concentrée sur les dernières 15 minutes du joli film de Luc Picard et Nicole Bélanger. J'avais tout de même une oreille sur le haut des escaliers, où l'amoureuse menaçait constamment de descendre, sinon ma fille, sinon mon fils, sinon ma belle-mère, et je n'attendais que cela pour donner à cette personne qui descendrait, la jupe qui occupait mes mains. Mais il y a avait bien 25 minutes que je tenais cette position. La belle-mère est de passage chez nous et comme je deviens le joueur en trop dans la cuisine quand elle se pointe et que les astres s'alignent pour cuisiner, je me faufile alors au sous-sol.

ET J'AVAIS VÉCU TOUT ÇA!
Cette même situation.

Avec l'amoureuse qui descendrait et qui dirait, un brin essoufflée, "OH! je la cherchais comme une folle! j'étais sur que tu l'avais oubliée!"

J'avais vécu tout ça.

Je ne sais pas si mon déjà vu était d'ordre psychologique, ce qui voudrait dire que je viendrais de revivre une émotion inconsciente, d'un souvenir oublié, refoulé, transféré à une émotion du moment. Le film de Picard secoue par moments de petits élans fort gracieux, dans un Québec toujours formidable. avec de jeunes comédiens magiques. À une époque où l'amoureuse avait 4 mois et que je n'étais qu'une pensée cochonne, bientôt, un pépin dans le ventre de ma maman de 23 ans.

Je ne sais pas non plus si mon déjà vu était d'ordre neurologique, ce qui voudrait dire que le moment serait lié à un trouble de transmission, une désynchronisation, ou un décalage entre les deux hémisphères de mon cerveau. Une vision double mentale, deux souvenirs d'une même situation comme on verrait double un même objet. Ambidextre absolu, on m'a confirmé, plus jeune, que les deux hémisphères de mon cerveau étaient très actives.

Mon déjà vu n'était pas d'ordre psychodynamique, ce qui aurait été une réaction de défense contre une anxiété inconsciente liée à la situation présente. No stress au moment de vivre le déjà vu. Zen total.

Mon déjà vu était peut-être d'ordre neuropsychologique, vivant des ressemblances visuelles entre une scène stockée en mémoire à long terme et un stimulus visuel qui seraient à l'origine d'une sensation d'avoir vécu tout ça avant.

Il n'était très certainement pas d'ordre parapsychologiques, je crois peu aux rêves prémonitoires, encore moins aux vies antérieures, et penser à la réincarnation est, selon moi, une perte de temps pour vivants ennuyeux.

Reste que je vivais un véritable déjà vu. 

Cette même scène avait été jouée par moi, dans la même position, écoutant aussi un film, attendant que quelqu'un ne descende pour que je lui suggère fortement de remonter avec la jupe de la belle brune plus haut.

C'est mon fils qui est venu crever la bulle du déjà vu. Il est descendu là où, dans la mise en scène de mon souvenir, c'était la belle brune qui cherchait sa jupe, un peu essoufflée. Il n'a jamais voulu remonter avec la jupe. Il venait écouter avec moi la première de Walking Dead, et ne voulait pas manquer une milliseconde de son émission.

Comme mon film se terminait au moment même où commençait le show d'AMC, de Serge Fiori à une buntch de zombies, et que la présence de ma belle-mère a bouleversé la dynamique d'un déjà vu bien entamé et qui aurait dû être mieux chorégraphié, l'amoureuse, sa mère ou ma fille ne sont jamais descendu et j'ai écouté toute la première de Walking Dead debout, en cintre humain, tenant une jupe de 4 doigts. Jasant avec Monkee aux annonces, au lieu de penser monter porter la jupe à madame en bon homme rose.

Ce qui n'a pas empêchée princesse de me crier à un certain moment, du haut des marches:
"OH NON! MA JUPE!!! AVOUE QUE TU L'AS OUBLIÉE?!!"

Dejà vu pour moi
Projection pour madame.

C'est con.

Après Walkind Dead, j'ai écouté un film de Luc Picard, Les Rois Mongols.

À un certain moment, l'amoureuse m'a demandé de ne pas oublier de sortir sa jupe de la sécheuse quand elle buzzera.

Ce que j'ai fait.

La tenant de 4 doigts, 2 mains, à quelques pouces, écoutant un maudit bon film de chez nous. 

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