mercredi 11 avril 2018

6 Packs de Chansons Racontées

1966
California Dreamin' de The Mamas & The Papas

En 1963, un matin, John Phillips réveille sa tendre épouse Michelle, afin qu'elle l'aide à mettre des mots sur la musique qu'il vient de rêver. Le couple fait partie du groupe The New Journeymen qui évoluera tranquillement vers The Mamas & The Papas. Michelle et John habitent New York et Michelle, originaire de la chaude Californie, a le mal de son chez soi. Elle dirigera le texte vers l'envie de la Californie. Et le refus du froid.  Michelle, si frêle, supporte peu l'hiver New Yorkais. Une ligne de Roger McGuinn le fait chanter you know the preacher likes the cold, souvent comprise comme You know the preacher lights the coals. Les Phillips avaient visité la St-Patrick's Cathedral quelques jours auparavant et Michelle y avait introduit l'expérience dans les paroles. John n'aimait pas la référence à l'église, lui rappelant son enfance traumatisante dans les églises. Michelle lui avait promis de trouver mieux, mais au final, on gardera tout ça.
Quand est venu le moment de l'enregistrer en studio, les Beach Boys y enregistrent Pet Sounds au même endroit. La crême des musiciens de studio y rôde alors. Ça rend John Phillips et son jeune band très nerveux. D'autant plus qu'on est pas super satisfait du solo d'harmonica de McGuinn. Dans le corridor, pendant une pause, le joueur de flûte jazz Bud Shank. On lui demande d'écouter le solo d'harmonica de McGuinn et de flûter le même air harmonicanisée. Shank ne fera qu'une seule prise et ce qu'il joue sera ce qu'on entend depuis fin 1965, sur disque. La chanson ne prend son réel envol qu'en janvier 1966. En mars suivant, on parle déjà d'une chanson immortelle.

1973
Daniel d'Elton John
Elton et son parolier, Bernie Taupin, parlent de cette chanson comme de la plus incomprise de leur répertoire. Ils l'ont tout de même relativement déguisée. Taupin y parle de ce qu'il voyait des soldats revenants du Vietnam, confus, voulant simplement vivre des vies normales, mais accueillis, ou bien en héros (qu'ils ne croyaient pas être) ou bien en escrocs, luttant contre un peuple qui ne leur avait rien fait. Il raconte dans la chanson le point de vue du jeune frère, plein d'admiration pour celui qui part à la guerre, mais dont le regard deviendra celui d'un mort au retour. Taupin a faussé les pistes en choisissant l'Espagne comme destination de l'avion de Daniel (Spain) parce que ça rimait avec avion (plane).
On expliquait clairement l'implication de Daniel au Vietnam dans un couplet qu'on a fini par couper au montage. La chanson a été composée dans une période très créative au Château d'Herouville, en France, où John et Taupin ont composé pas moins de 12 chansons en 4 jours. Dont Daniel. Un des hits les plus mémorable de Sir John.

1981
Another One Bites the Dust de Queen
Tous les membres de Queen, Freddie Mercury, Bryan May, John Deacon et Roger Taylor écrivaient tous des chansons sur les albums du band. Ce morceau est signé du bassiste Deacon. Il y joue à peu près tout. Il y joue la guitare principale, la guitare funk, bien entendu, la basse, le piano inversé et quelques percussions. Un an avant, Deacon avait mis l'oreille sur un enregistrement de la formation Chic et en a gardé quelques éléments. Nile Rodgers, de Chic, n'a jamais poursuivi, considérant que personne ne croirait qu'une bande de noirs des États-Unis, inspirerait de blancs anglais. Le groupe ne croyait pas tant au morceau jusqu'à ce que l'entourage insiste pour qu'ils sortent le morceau en single. Quand Micheal Jackson leur a suggéré la même chose, ils ont écouté. Et n'ont jamais regretté.

1995
Fake Plastic Trees de Radiohead
Thom Yorke avait cette mélodie dont il ne savait trop quoi faire. Il y a mis des mots. Inspiré d'un endroit à Canary Wharf, à Londres, où les arbres y étaient alors en plastique (ça a changé depuis). Il y a métaphorisé sur une relation amoureuse où il se questionne sur la véracité de l'amour d'un couple. Il a d'abord tout chanté tout seul. Puis le reste du band y a rajouté ses arrangements. Yorke prétend y avoir trouvé sa voix pour le reste de sa carrière. Cher, l'actrice, trouvait le band chiâleur. Elle les appelait "that whiny band". Considérant le niveau de plasticité de Cher, Radiohead a pris cela comme le plus grand des compliments. Dans le film Clueless, une version instrumentale de cette splendide chanson se fait entendre et on se plaint alors de "crybaby music". Yorke dira s'en moquer puisque ses personnages étaient creux et unidimensionnels et que Radiohead faisait de la musique pour les gens en 3D de profondeur. Le creux personnage d'Alicia Silverstone se plaignant de Radiohead dans Clueless se nomme...Cher...Ce qui n'était pas innocent. Cher a appris à aimer leur musique depuis. Ceci n'expliquant en rien cela.

2006
Young Folks de Peter, Bjorn & John
Originalement, le sifflement se trouvait sur le morceau afin d'indiquer quelle harmonie jouer pour un autre instrument. Mais le trio suédois n'a pas trouvé d'instrument rendant justice au sifflement et a choisi de la garder. Peter y chante et Victoria Bergsman, chanteuse des Concretes, y fait la voix féminine. Jamais plus le groupe n'aura un autre hit du genre internationalement. Le video, dirigé par Ted Malmros, et animé par Graham Samuels, en a fait un hymne adolescent. Ils ont joué le morceau à la télé avec Bergsman, Vicki Randle des Bongos, Bebban Stenborg de Shout Out Louds et Tracyanne Campbell de Camera Obscura. Les deux derniers bands, des favoris à moi.

2011
Somebody That I Used To Know de Gotye
Le belge d'origine, mais établi en Australie, a écrit la première partie de la chanson réalisant vite qu'il ne savait plus où aller avec le personnage qu'il nous avait introduit. Il a donc écrit un second couplet du point de vue féminin et a choisi d'en faire un duo. Ce qui n'était originalement pas prévu. La Néo-Zélandaise Kimbra assure la part féminine avec brio. La chanson échantillonne un passage de guitare du musicien brésilien Luiz Bonfa. Gotye a versé 45% des revenus de son seul hit au fond familial de Luiz Bonfa, décédé dix ans avant.

La musique est la vapeur de l'art. Elle est à la poésie ce que la rêverie est à la pensée, ce que le fluide est au liquide, ce que l'océan des nuées est à l'océan des ondes.

C'est pas moi qui dit ça.
C'est Hugo.

Victor de son prénom.

Je vous reviendrai de temps à autre avec des 6 packs musicaux du genre.

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